expression

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Dans la mesure où l'art des sons a pour objet d'exprimer jusqu'à l'inexprimable, il tombe sous le sens que l'expression est l'essence même de la musique. Mais de tous les éléments qui concourent au but recherché, c'est justement le seul qui échappe au contrôle du compositeur lui-même. S'il peut noter avec exactitude la hauteur et la durée des sons, indiquer sans ambiguïté les temps et les nuances, il en est réduit quant à l'expression proprement dite à un vocabulaire approximatif, consacré par l'usage ou purement personnel. Dans la première catégorie figurent les locutions italiennes classiques, les maestoso, affettuoso et autres con grazia, la plus banale de toutes étant ce con espressione qui fait figure de pléonasme ou de rappel à l'ordre. On comprend qu'un Claude Debussy, au début du siècle, ait éprouvé le besoin de préciser sa pensée en recourant à des annotations littéraires du genre « profondément calme (dans une brume doucement sonore) » [la Cathédrale engloutie]. Cet exemple, parmi d'autres, prouve que l'écriture musicale est impuissante à traduire l'expression dans toute sa subtilité. C'est à l'interprète qu'il appartient de combler les lacunes du texte en l'enrichissant de sa sensibilité subjective.

Certains jeux dits expressifs de l'orgue romantique sont enfermés dans une « boîte d'expression » à ouverture variable, commandée par une pédale, qui permet de passer progressivement du piano au forte. Un système analogue est couramment appliqué aux harmoniums. Quant aux instruments électroniques à clavier, il suffit d'un potentiomètre pour obtenir l'effet recherché.