emprunt

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

1. Les harmonistes nomment « emprunt » ou « modulation passagère » l'emploi occasionnel, dans une tonalité déterminée, d'altérations ou de formules cadencielles appartenant à une autre tonalité, sans pour autant entraîner de véritable modulation. Ils sont toutefois divisés sur l'étendue à donner à cette notion. Pour les tonalistes stricts, développant l'enseignement de Rameau, toute altération étrangère à la tonalité, à moins qu'elle ne soit strictement de passage, détermine un emprunt à la tonalité dont elle fait partie. Pour les antiramistes, dont le principal porte-parole fut Momigny vers 1800, n'importe quelle altération peut entrer dans n'importe quelle tonalité tant qu'elle ne fait pas oublier la référence à la tonique, ce qui restreint considérablement la notion d'emprunt. Celle-ci se voit à nouveau très circonscrite par la notion de naturalisation dégagée par J. Chailley dans ses recherches de philologie musicale ; cette notion simplifie considérablement l'analyse en réintégrant dans un cadre tonal normal, conforme à la perception, des inflexions dont l'analyse antérieure eût exigé des cascades d'emprunts sans cohérence ni justification psychologique.

2. En facture d'orgue, on parle d'emprunt lorsque, en raison d'une imperfection telle qu'une fuite d'air, on entend sonner une note qui n'a pas été jouée.

3. À l'orgue également, l'emprunt est une technique grâce à laquelle un clavier autre que le clavier habituel joue un jeu déterminé. Par exemple, un jeu de clavier du grand orgue peut être entendu sur le pédalier.