empfindsamkeit

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Terme allemand signifiant « sensibilité », et désignant un courant littéraire et musical du xviiie siècle en réaction contre le rationalisme de l'Aufklärung (des Lumières) : ce n'est plus l'harmonie préétablie de la nature et des hommes qu'il faut explorer, mais leurs remous profonds et insondables.

Pour le musicien, la science importe donc moins que la liberté de l'inspiration et de la forme. D'où une floraison de fantaisies cherchant à exprimer les mouvements de l'âme, fantasieren ne signifiant alors pas improviser selon les règles en faisant étalage de sa science, mais exprimer ses humeurs et ses sentiments en improvisant. La personnalité la plus représentative de l'Empfindsamkeit en musique fut Carl Philipp Emanuel Bach (1714-1788), dont certaines œuvres, en particulier pour clavier, traduisent des états d'âme changeants jusqu'à la bizarrerie, et non sans traits velléitaires : ce en quoi l'Empfindsamkeit se distingue nettement du Sturm und Drang, plus tardif (v. 1770), « préromantique » lui aussi, mais dont les explosions même brusques n'excluent pas une discipline d'ensemble. Pour autant que l'on sache, le terme empfindsam apparut pour la première fois en 1755 sous la plume de l'écrivain et publiciste Christoph Friedrich Nicolai (1733-1811). Lessing s'en empara dans sa traduction du Sentimental Journey (« Empfindsame Reise ») de Laurence Sterne (1768), et il devint à la mode.