drame liturgique

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Nom donné, au xixe siècle, à des éléments non officialisés souvent introduits dans la liturgie depuis le ixe siècle, visant à donner une représentation figurative à des textes chantés greffés sur la liturgie officielle (→ OPÉRA).

Une extension plus récente fait parfois employer le terme pour désigner, dans les religions non chrétiennes, des manifestations du culte présentant un caractère de figuration dramatique.

Considéré avec raison comme l'origine du théâtre occidental, le drame liturgique s'est formé de manière progressive autour de 2 thèmes principaux : le cycle de Noël et le cycle de Pâques. Le premier a pour noyau une prophétie apocryphe de la naissance du Christ, attribuée à la sibylle et insérée dans une leçon de matines. On a d'abord personnalisé la sibylle en invitant un chantre distinct à venir chanter sa prophétie en vêtements appropriés, puis on lui a adjoint d'autres prophètes, enfin on a composé des scènes entières chantées et jouées sur des thèmes prophétiques de la venue du Christ (Sponsus à Limoges, Jeu de Daniel à Beauvais). Avec ce dernier, ces représentations accentuent leur mise en scène, font appel à des étudiants ; avec le Jeu d'Adam et Ève du manuscrit de Tours, elles se détachent de l'office, quittent le chœur pour le parvis, abordent entre les chants liturgiques un dialogue parlé en vers français : le théâtre proprement dit est prêt à se séparer du drame liturgique (xiie s.).

Le cycle de Pâques, en revanche, n'a jamais quitté l'office. Il a pour noyau un trope d'introït comportant un dialogue entre l'ange et les saintes femmes au tombeau du Christ (Quem queritis in sepulchro ?, « Qui cherchez-vous dans le sépulcre ? »). Ce dialogue, transporté à matines, réparti entre des personnages chantant et jouant, se vit progressivement amplifié jusqu'à englober toute l'histoire de la Résurrection, et devint un prototype sur lequel se greffèrent d'autres actions, y compris Noël (Quem queritis in presepe ?, « Qui cherchez-vous dans la crèche ? »), sans toutefois déborder le cadre et l'usage local.

Les historiens littéraires divisaient autrefois le drame liturgique en liturgique (latin), semi-liturgique (vernaculaire) et profane. Ces critères, exclusivement littéraires ou scéniques, sont aujourd'hui à peu près abandonnés, le drame liturgique justifiant son existence dans le cadre de l'office et ne méritant plus son nom en dehors de lui. Sa conception, fondée sur cette insertion (cf. Te Deum terminal de matines chanté par les acteurs), est celle des actes liturgiques à base de chants, gestes et costumes symboliques et non de mise en scène réaliste comme elle le deviendra par la suite.