credo

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Mot initial traditionnel de plusieurs textes latins dits symboles (du grec sun-ballo, « réunir »), destinés à condenser dans le minimum de mots l'essentiel du dogme catholique, en vue de sa mémorisation et de sa récitation.

Le plus ancien Credo, dit Symbole des Apôtres, a été l'objet de diverses additions lors des conciles successifs (Nicée 325, Constantinople 380), et, sous cette forme simplifiée, introduit dans l'ordinaire de la messe d'abord sur ordre de Charlemagne dans ses États en 798, puis officiellement au xie siècle, d'abord récité, puis chanté. Le célébrant chantait l'intonation, les fidèles reprenaient au mot Patrem, de sorte que, dans de nombreuses messes polyphoniques, la musique n'est composée qu'à partir de ce mot. Dans les livres de chant grégorien, le Credo n'est habituellement pas inclus dans les groupements de messes musicales, mais y figure à part ; on lui connaît une dizaine de mélodies, dont 4 seulement sont cataloguées dans les livres usuels (encore la deuxième n'est-elle qu'une variante de la première) ; la troisième n'est pas antérieure au xve siècle : elle fait sans doute corps avec le Kyrie et le Gloria d'une messe d'origine anglaise dite pour cette raison messe des Angles, ce qu'une déformation populaire a travesti en messe des anges. Le Credo 4 serait, selon certains, la partie de ténor d'une composition polyphonique de l'Ars nova, à 2 ou 3 voix selon les versions. Dans les messes en plain-chant composées au xviie siècle par plusieurs maîtres de chapelle (les plus connues sont celles d'Henri Dumont), le Credo est traité au même titre que les autres pièces. L'ancien usage gallican remplaçait credo par le pluriel credimus.

En ce qui concerne la polyphonie, avant l'ère de composition des messes unitaires, le Credo (Patrem) a été assez rarement mis en musique avant le xive siècle, mais fréquemment depuis cette période. Après quoi, il figure normalement dans la grande majorité des messes polyphoniques, de même que, à partir du xviie siècle, dans les messes avec orchestre (à l'exception des messes de requiem) ; il y est parfois découpé, en raison de sa longueur, en plusieurs morceaux successifs, auquel cas, traditionnellement, la musique présente un caractère recueilli à l'approche des mots Et homo factus est, sur lesquels le roi Saint Louis avait introduit l'usage de s'agenouiller, dramatique pour le Crucifixus, triomphant pour Et resurrexit. La conclusion Et vitam venturi saeculi, amen, à partir du xviiie siècle, est fréquemment un final fugué, analogue à la péroraison du gloria (Cum sancto spiritu). Dans sa Messe de Gran, Liszt donne un commentaire théologique très personnel en introduisant, contrairement à l'usage, le caractère dramatique de la Crucifixion dès l'annonce de l'Incarnation.

Pour adapter le Credo à son usage, la Réforme l'a traduit en strophes de choral (Luther en allemand, Calvin en français après Clément Marot) en s'inspirant de la mélodie du Credo 3. C'est sous cette forme (Wir glauben all in einen Gott) que le Credo prend place parmi les chorals d'orgue de Bach et de ses congénères.