choral

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

L'adjectif s'applique à tout ce qui concerne les chœurs : musique chorale, formation chorale. Par extension, le substantif est employé pour ensemble choral, chœur. Mais le terme de choral désigne deux formes musicales précises : d'une part les cantiques luthériens, qu'ils soient à l'unisson ou harmonisés, d'autre part les pièces pour orgue basées sur ces mélodies de cantiques.

Les premiers recueils de chorals luthériens furent publiés dès 1524, aux tout débuts de la Réforme. Luther ayant fondé la pratique cultuelle de la religion nouvelle sur le chant collectif, à la maison ou au temple, il entreprit aussitôt, avec plusieurs collaborateurs, de rédiger les poèmes de ces cantiques ­ chants de louange, d'enseignement, paraphrases du dogme, psaumes. La musique de ces cantiques fut soit composée spécialement (Luther lui-même y participa, avec Agricola, Heyden, Walter, etc.), soit, souvent, empruntée à des mélodies existant antérieurement ­ plain-chant, mélodies religieuses, chansons profanes. Le style musical des chorals est de caractère populaire, d'intonation facile et de carrure marquée, en phrases courtes correspondant à des vers généralement de huit pieds, avec ponctuation régulière en fin de phrase. Ce style populaire et cette simplicité de chant ont contribué au succès rapide des chorals, diffusés par de très nombreux recueils imprimés. La composition des chorals s'est poursuivie tout au long des xvie et xviie siècles, en particulier pendant la guerre de Trente Ans ; les œuvres écrites par la suite en ont souvent dénaturé le caractère, et l'Église luthérienne est revenue, aujourd'hui, à ses vieux chants authentiques.

Dès le xvie siècle, le choral, comme d'ailleurs le psaume, qui en est l'équivalent dans l'Église protestante française, a fait l'objet d'harmonisations à plusieurs voix, mais préservant la simplicité d'exécution pour les assemblées de fidèles. Également très répandu, le genre fut illustré par des compositeurs comme Schein, Praetorius, Franck ou Hassler au xvie siècle. C'est ce type de choral qui ponctue les cantates d'église de Bach.

Les mélodies de chorals et les textes religieux qui y sont attachés ont si fortement imprégné la sensibilité du monde culturel luthérien, que les compositeurs ont très tôt pris l'habitude de les citer dans leurs œuvres, souvent en cantus firmus. Le procédé a d'ailleurs dépassé le domaine d'expression germanique et de foi protestante. C'est ainsi que l'un des chorals fondamentaux de l'Église réformée, Ein feste Burg ist unser Gott (« C'est une puissante forteresse que notre Dieu »), circule dans toute la musique religieuse luthérienne (chez Bach, à de nombreuses reprises), mais aussi dans des œuvres symphoniques ou théâtrales comme la Symphonie no 5 de Mendelssohn (« Réformation »), l'ouverture des Huguenots de Meyerbeer ou l'Histoire du Soldat de Stravinski.

À l'orgue, le choral a été traité de diverses manières, soit pour introduire (« préludes de choral »), soit pour commenter (chorals variés) le chant du choral par l'assemblée. La mélodie du choral est exposée et accompagnée en un contrepoint dont les éléments rythmiques, harmoniques et mélodiques illustrent de façon souvent figurée et poétique les thèmes liturgiques et les intentions religieuses exprimées par le texte du choral. Le thème du choral se prête aussi à être traité en sujet de fugue, en fantaisie ou en partita : la mélodie, exposée en harmonisation simple, fait ensuite l'objet de variations (une par strophe de texte). Le chef-d'œuvre du choral varié est les variations canoniques sur Vom Himmel hoch de J. S. Bach. Schein, Scheidt, Sweelinck, Buxtehude, Pachelbel, J. S. Bach surtout, ainsi que leurs élèves, ont été parmi les principaux compositeurs de chorals pour orgue. On a continué à en écrire au xixe et au xxe siècle (Brahms, Reger) ; mais certaines pièces de ce nom, comme les trois chorals de César Franck, n'utilisent pas de mélodie de choral et ne se réfèrent pas à l'un des types de chorals d'école.