chiavette
(ital. chiavetta)
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».
Diminutif de « clef ».
Ce nom est quelquefois donné à une clef musicale prenant la place de la clef habituelle pour éviter les lignes supplémentaires aiguës, comme le font encore aujourd'hui, par exemple, la clef de sol pour l'alto à cordes ou la clef d'ut 4e pour le violoncelle. Le principe, introduit au xvie siècle, était de décaler d'une ligne vers le bas la hauteur du nom des notes ordinaires, dites « clefs naturelles » (chiavi naturali), ce qui faisait gagner une tierce vers l'aigu. Ainsi donna-t-on pour chiavette à la clef d'ut 1re du superius la clef de sol seconde, qui la supplanta par la suite.
Au xvie siècle, une chiavette entraînait souvent avec elle un décalage équivalent de l'ensemble des clefs, sauf éventuellement pour la basse hésitant parfois entre les deux systèmes, de sorte que l'on parle parfois de notation « haute » ou « basse », selon le groupe de clefs employées. Le système des chiavettes est à l'origine de l'adoption de la clef de sol seconde à la place de la clé de sol première pour l'écriture du clavier dans la seconde moitié du xviiie siècle, et, par extension, à la place des clefs 1re et 3e pour les parties vocales au cours du xixe siècle. De plus, en l'absence du diapason fixe, il incitait les chanteurs à prendre un diapason plus bas qu'avec les clefs naturelles, puisqu'il les prévenait que la tessiture écrite serait plus élevée. Symétriquement aux chiavettes aiguës, on a quelquefois essayé, pour favoriser les tessitures écrites graves, des chiavettes graves, dites chiavi trasportati (par exemple, ut 2e au lieu de ut 1re), mais leur usage est resté limité : assez curieusement, on les trouve surtout dans les musiques funèbres. Certains théoriciens modernes (Riemann) ont voulu trouver dans l'usage des chiavettes le témoignage de transpositions au sens moderne du mot ; leurs arguments n'ont généralement pas paru convaincants.