cantique

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

1. Au sens liturgique strict, le nom de cantique est réservé aux chants d'action de grâces de certains personnages transcrits dans l'Ancien ou le Nouveau Testament sous une forme lyrique. On a recensé 17 cantiques, dont 14 proviennent de l'Ancien Testament, les 3 autres étant de saint Luc : cantique de la Vierge ou Magnificat, de Zacharie ou Benedictus (ne pas confondre avec celui du Sanctus), de Siméon ou Nunc dimittis. Les principaux cantiques de l'Ancien Testament sont ceux de Moïse, des enfants dans la fournaise, d'Ézéchias et d'Habacuc. Les cantiques se chantent à l'office de la même manière que les psaumes, mais parfois avec un timbre spécial plus solennel. On donne quelquefois le nom de « cantique christologique » au Gloria in excelsis de la messe.

2. Au xvie siècle, la Réforme française a donné le nom de cantiques spirituels à des pièces versifiées d'inspiration religieuse ou moralisatrice, toujours en langue vulgaire, et destinées à être chantées dans les assemblées pieuses ou les réunions familiales. Une grande partie du répertoire a été élaborée en dotant de nouvelles paroles des mélodies déjà connues. Le fait de « travestir » en cantique spirituel une chanson grivoise, par exemple, était considéré comme une action pieuse. De cette manière, Un jeune moine est sorti du couvent, chanson polyphonique assez leste de R. de Lassus, devient Quitte le monde et son train décevant. Les airs de cour du siècle suivant sont également transformés en « airs de cour servant de timbre à des cantiques » (M. Lambert). Mais il existe aussi des cantiques spirituels originaux, monodiques ou polyphoniques, comme les Octonaires de la vanité et inconstance du monde, du poète huguenot A. de La Roche-Chandieu, mis en musique par L'Estocart et surtout Cl. Le Jeune. Le cantique spirituel est avec le psaume français la principale manifestation musicale du calvinisme, aspect dominant de la Réforme en France et en Suisse.

3. À partir du sens précédent, l'Église catholique a ensuite donné le nom de cantique spirituel à un répertoire spécial de chants en langue vulgaire. Il existait de tels chants depuis longtemps, puisqu'au xie siècle, déjà, on trouve dans un manuscrit de saint Martial de Limoges un cantique en français (dialecte limousin), mais c'est surtout à partir du xviie siècle que la confection des cantiques prit une grande extension.

Si l'on excepte certains secteurs privilégiés comme le noël, ou certaines enclaves ethniques comme la Bretagne ayant fait du cantique une des expressions de leur art populaire, il faut bien reconnaître que le cantique, d'une poésie souvent fruste ou fade, et d'une mélodie qui vaut ce que vaut sa source, présente assez rarement une valeur littéraire ou musicale appréciable.

Aujourd'hui, le cantique tend à supplanter toute autre forme de musique à l'église, et l'épiscopat en organise lui-même la diffusion sous forme de fiches et dispose à cet effet des services du Centre national de pastorale liturgique.