cadence
(en ital. cadenza ; " chute ")
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».
1. Au sens général, la cadence désigne le mouvement régulier des battues de temps.
2. En harmonie, on appelle cadence certains enchaînements d'accords introduisant dans le discours musical un caractère de ponctuation grammaticale plus ou moins conclusive. La cadence parfaite (dominante, V – tonique, I) est la plus conclusive de toutes. Cette signification conclusive de la cadence V-I ne s'est dégagée que peu à peu, durant le xve siècle où de la perception mélodique on passe à la perception harmonique. L'enchaînement de la sous-dominante (IV) à la tonique (I), la cadence plagale, est également conclusif, mais de manière moins affirmative, et est souvent doté d'un sens allusif de caractère religieux. Cette cadence emprunte son nom à sa présence fréquente dans l'accompagnement des « modes plagaux » du plain-chant au xixe siècle. La réunion de ces deux cadences donne la cadence complète, ainsi nommée parce que toutes les notes de la tonalité y sont exprimées. On appelle parfois cadences modales celles qui amènent la tonique par d'autres degrés que V ou IV. On les désigne par le numéro du degré employé (II, III, VI), le VIIe étant inusité. Si, au lieu d'aboutir sur un accord « solide » à son état fondamental, la cadence se fait sur un renversement de ce même accord, la fondamentale n'étant plus à la basse, la cadence est dite imparfaite pour le premier renversement (chiffrage 6/3) et ouverte pour le deuxième renversement (chiffrage 6/4). Cette dernière cadence introduit traditionnellement la cadence de soliste (v. § 3) dans le concerto classique (Haydn, Mozart). Lorsque l'accord de dominante (V), après avoir fait supposer une cadence à la tonique, mène de manière imprévue vers un autre degré, la cadence est dite rompue ou évitée. L'inversion de la cadence parfaite (V-I) entraîne un mouvement cadentiel concluant sur la dominante (I-V), de caractère suspensif. Elle prend généralement le nom de demi-cadence. Parmi les autres cadences, citons une variante de la cadence parfaite employée dans l'opéra italien ancien, la cadence italienne (II-I-V-I), et également diverses cadences dites modales et caractérisées par l'absence de notes sensibles (dorien, phrygien, mixolydien). Dans la table d'exemples, ces cadences sont données sous leur forme la plus simple. Bien entendu, de nombreuses variations peuvent exister, et l'exemple O (cadence plagale amollie), variante de B, en donne un spécimen.
3. Dans un concerto de soliste, on attribue le nom de cadence à un intermède, généralement placé vers la fin du morceau et souvent introduit par la cadence ouverte (accord de 6/4), pendant lequel l'orchestre d'accompagnement s'interrompt pour laisser au soliste le temps de montrer son savoir jusqu'à ce qu'un signal convenu (souvent un trille prolongé) lui rende la parole. À l'origine, les cadences n'étaient pas écrites ; cette habitude apparut vers la fin du xixe siècle.
4. Par analogie avec les cadences de concerto, les chanteurs donnent parfois le nom de cadence à des additions non écrites, improvisées, fréquentes dans l'opéra italien jusqu'à la fin du xixe siècle.
5. Dans la littérature de chant et de clavier des xviie et xviiie siècles, la cadence figurait sur la liste des agréments à exécuter. Le plus souvent, cet ornement correspondait en fait au tremblement, équivalent de notre trille usuel.