Vítězslav Novák

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Compositeur tchèque (Kamenice 1870 – Skuteč 1949).

Fils d'un médecin de campagne, il décide sa mère, veuve depuis 1881, à venir s'installer à Prague pour qu'il puisse suivre simultanément les cours de l'université de droit et du conservatoire. Il y reçoit l'enseignement de K. Knittl, puis de Strecker, qui réussit à faire entrer Novák dans la classe de Dvořák. Ce dernier lui fait reprendre sept fois sa Sonate pour violon et piano, que Novák donne pour son concert de sortie du conservatoire le 8 juillet 1892 avec K. Hoffmann au violon. De 1892 date également son ouverture le Corsaire. Jusqu'en 1896, Novák travaille le piano avec Josef Jiránek et la composition avec le successeur de Dvořák, K. Bendl. Parallèlement paraissent le Trio en « sol » mineur op. 1 et la Sérénade en « fa » majeur pour petit orchestre.

Puis Novák découvre pendant l'été 1896 la Valaquie morave, et discute folklore morave avec Janáček. La rencontre de ces deux tempéraments va conduire à l'essor de la musique tchèque et slovaque des vingt années à venir (1900-1920). Novák vit désormais à Brno et compose successivement divers tableaux de ces contrées dominées par le massif des Tatras : Quintette avec piano en la mineur op. 12 (1897), le 1er Quatuor à cordes op. 22, le poème symphonique Dans les Tatras (V Tatrách op. 26), la Sonate héroïque op. 24, la Sonatine des brigands op. 54/55 pour piano, enfin la Suite de Slovaquie morave op. 32.

Mais cette intense activité créatrice ne l'empêche pas de sombrer dans des crises de dépression. Il nous conte ces moments de crise sentimentale et d'isolement baudelairien dans le Trio quasi una ballata op. 27 et dans le 2e Quatuor à cordes en majeur op. 27, esquisse autobiographique très personnelle. Il s'affirme ensuite à l'orchestre avec le diptyque Désir et Passion, juxtaposant la poésie impressionniste d'Andersen (l'Éternel Désir) à l'expression d'une passion dévorante (Toman et la Fée), se confirmant comme un contemporain de Reger et de Schönberg.

Pour le 50e anniversaire de la fondation de la Société philharmonique de Brno, il écrit la Tempête, « fantaisie maritime » (première, Brno, 17 avr. 1910 par Rudolf Reissig), cantate étrange dont le flot mêle une suite de petits poèmes symphoniques à des scènes grandioses pour chœur et solistes. Puis vient Pan, poème musical pour piano, où il laisse éclater ses quatre passions : la montagne, la mer, la forêt et la femme.

Novák revient fréquemment à Prague où il a succédé à Dvořák comme professeur de composition. Il écrit Chemises de noce, mais réussit mieux le conte lyrique la Lanterne (1923). Mais la scène musicale est occupée par Janáček, et Novák doit attendre la fin de la mode debussyste pour retrouver une certaine audience. Il écrit successivement sa Symphonie d'automne op. 62, comparable à l'Épilogue de Suk, la Jihočeska suita op. 64, enfin des œuvres patriotiques célébrant la mémoire des héros morts pendant la dernière guerre. Cette période d'occupation, de résistance, semble lui donner de nouvelles forces. Il écrit des chansons (op. 74/75), légendes (op. 76), mélodies (op. 77), berceuses (op. 78), des chœurs (Domov, Pét smíšen'ych sborů, Máj [« Mai »], Hvězdy [« les Étoiles »])… Kubelik crée à Prague la Symphonie de mai. Désormais, Novák peut prendre une retraite remplie d'honneurs.