Sofia Goubaïdoulina

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Femme compositeur russe (Christopol 1931).

Née d'un père tatare et d'une mère russe, elle suit les cours de piano et de composition du Conservatoire de Kazan, puis de celui de Moscou (avec notamment Nikolaï Peïko et Vissarion Chebaline). De 1963 à 1992, elle vit à Moscou comme compositeur indépendant. Depuis, elle est installée en Allemagne. Les débuts de Goubaïdoulina sont marqués par l'influence de Chostakovitch, dont elle se libère assez vite pour édifier un style d'écriture facilement identifiable. La mystique et la pensée symbolique (In Croce pour violoncelle et orgue, 1979) sont les constituants principaux de l'univers de Goubaïdoulina. On peut y ajouter son affinité avec la poésie, celle de l'Égypte antique comme celle d'Anna Akhmatova (la Nuit à Memphis, 1969), de T. S. Eliot (Hommage pour soprano et octuor, 1987), d'Omar Khayyam ou de Marina Tsvetaieva (Percussio di Pekarski pour percussion, mezzo-soprano et orchestre, 1976). Pour elle « tous les hommes ont besoin de l'Eucharistie », et elle essaie de « composer afin de permettre à cet élément de naître dans la musique » ; on note dans presque toutes ses œuvres une quête intense de la transcendance (Perceptio pour soprano, baryton et cordes, 1981-1983) et d'un lyrisme aigu, traduite par une riche technique de la narration musicale (discours haché, parsemé de silences, supposant le plus souvent une continuité intérieure) et par une maîtrise accomplie de la couleur. On lui doit notamment Concordanza pour orchestre, Vivente-non vivente pour synthétiseur et bande (les deux œuvres sont de 1970), Instant de l'âme pour mezzo-soprano et orchestre, sur les vers de Marina Tsvetaieva (1974, rev. 1987), Introïtus-concerto pour piano et orchestre (1978), Réjouissez-vous pour violon et violoncelle (1981), les Sept Paroles pour violoncelle, accordéon et cordes (1982), Offertorium-Hommage à J. S. Bach pour violon et orchestre (1984), Silenzio pour accordéon, violon et violoncelle (1991), Jezt immer Schnee pour ensemble et chœur de chambre (1993), Concerto pour flûte, cordes et percussion (1994), quatre quatuors à cordes. Elle a obtenu le premier prix au Concours international de composition de Rome (1975) et le prix de composition de la Fondation Prince Pierre de Monaco pour l'ensemble de son œuvre (1987).