Pierrede Ronsard

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Poète français (La Possonnière, près de Vendôme, 1524 – Saint-Cosme, près de Tours, 1585).

Il a fait siens les idéaux humanistes que J. du Bellay expose dans son manifeste Défense et illustration de la langue française de 1549, acte de naissance de la Pléiade : la musique soumise à la poésie doit produire les mêmes « effets » moraux que les poètes antiques, par leur poésie chantée, produisaient sur l'âme de leurs auditeurs ; l'union de la musique aux paroles ressuscitera le lyrisme antique. Ronsard explique, dans son Abbrégé de l'art poétique (1565), qu'il a pris soin de donner à ses poèmes la régularité métrique qui permet de les mettre plus aisément en musique. Pour la même fin, il y alterne les rimes masculines et féminines. Dès 1552, les Amours (à Cassandre) ont paru avec un supplément musical. Quatre, sur les neuf pièces mises en musique par Muret, Certon, Janequin ou Goudimel, y sont présentées comme une sorte de « timbre », propre à accompagner d'autres sonnets, pourvu qu'ils soient de structure identique. La musique de Janequin sur Qui voudra voyr comme un Dieu me surmonte y est conçue pour pouvoir être chantée sur 92 sonnets de même schéma rythmique. Ces exemples montrent les limites, en ce cas, de l'union de la musique au verbe : ce n'est qu'une union formelle, non une soumission au sens, à ce que chaque poème recèle d'unique. Au contraire de son compagnon J. A. de Baïf, Ronsard, malgré sa volonté de mesurer ses vers « à la lyre », ne s'est pas soucié des problèmes techniques qu'entraîne cette ambition. Surtout, il n'a pas résolu la difficulté que soulève la différence de nature entre la durée musicale et la durée prosodique. Aussi bien, la faveur des musiciens s'explique plutôt par les qualités propres de la poésie de Ronsard : variété des formes, richesse des images, sincérité du ton, vigueur du lyrisme, puissance expressive,etc. Sur ceux de son temps, Ronsard a exercé une véritable fascination : entre 1552 et 1600, plus de deux cents de ses poèmes ont été mis en musique. Des Parisiens comme Costeley ou N. de La Grotte, mais aussi des Flamands, comme Lassus ou Ph. de Monte, puis des provinciaux, tels G. Boni ou A. de Bertrand, ont composé des polyphonies, parfois des monodies (Chardavoine), ou des airs homorythmiques (Le Jeune), sur ses odes, ses sonnets ou ses « chansons ». À sa mort, J. Mauduit a écrit un requiem à 5 voix, comme pour les funérailles d'un prince. La préférence peu à peu accordée à l'inspiration pastorale (et à l'afféterie) de Desportes et le dédain professé par Malherbe ont ensuite contribué à plonger l'œuvre du poète dans un oubli deux fois séculaire. Mais l'ère romantique a suscité pour elle un regain d'intérêt parmi les musiciens de tous pays. De Wagner à L. Berkeley en passant par Bizet, Gounod, Roussel et Poulenc, cette popularité, désormais, ne s'est plus démentie.