Fritz Reiner

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Chef d'orchestre hongrois naturalisé américain (Budapest 1888 – New York 1963).

À l'Académie Franz-Liszt de Budapest, il étudie le piano avec Istvan Thoman et la composition avec Hans Koessler (qui furent également les professeurs de Bartók), tout en poursuivant des études de droit. Il débute à l'opéra-comique de Budapest en dirigeant en 1909 Carmen. Il est successivement chef d'orchestre du Landestheater de Laibach en 1910 (aujourd'hui Ljubljana), du Volksoper de Budapest (1911-1914), où il donne la première audition hongroise de Parsifal, et du Hofoper de Dresde, où il succède à Ernst von Schuch comme chef principal (1914-1921).

Quelques rencontres le marquent profondément : celles des chefs d'orchestre Nikisch et Muck, des compositeurs Richard Strauss (il dirige en 1919 la première allemande de la Femme sans ombre) et Mahler, qu'il s'attachera à faire connaître aux États-Unis où il émigre en 1922, pour succéder à Ysaye à la tête de l'Orchestre symphonique de Cincinnati. Il y donne notamment les premières américaines de la Suite de danses (1925), de la suite du Mandarin merveilleux (1926) et du Premier Concerto pour piano (1928) de Bartók, avant d'être en 1943 le créateur auprès du compositeur et de sa femme du Concerto pour deux pianos, percussion et orchestre, tiré de la Sonate pour deux pianos et percussion.

Se consacrant essentiellement à l'enseignement de 1931 à 1938, au sein du Curtis Institute de Philadelphie (Leonard Bernstein compte parmi ses élèves), il se produit régulièrement avec l'orchestre symphonique local, celui de Chicago et le Philharmonique de New York. Il dirige en 1937 à Philadelphie la création d'Amelia au bal de Menotti. De 1938 à 1948, il prend en main les destinées de l'Orchestre symphonique de Pittsburgh, dirige au Metropolitan Opera de New York de 1948 à 1953 (notamment, en 1953, la première américaine du Rake's Progress de Stravinski) et, à partir de 1953, l'orchestre symphonique de Chicago, qui devient sous sa baguette l'un des meilleurs du monde.