Otto Klemperer
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».
Chef d'orchestre allemand (Breslau 1885 – Zurich 1973).
Après avoir étudié au conservatoire de Francfort-sur-le-Main, il suivit à Berlin l'enseignement de J. Kwast (piano) et de P. Scharwenka et H. Pfitzner (composition). Ayant débuté comme répétiteur de chœurs, il dut son premier engagement (1906) à M. Reinhardt, qui monta Orphée aux Enfers. Autre rencontre capitale, celle de Mahler, qui le recommanda successivement comme chef d'orchestre du Théâtre allemand de Prague (1907-1910) et du Théâtre de Hambourg (1910-1913). Klemperer, qui avait dirigé en coulisses le second orchestre à la création berlinoise de la Deuxième Symphonie de Mahler, allait devenir un ardent défenseur de l'œuvre de ce maître, comme en témoignent nombre d'enregistrements et un livre de souvenirs (Erinnerungen an G. Mahler, 1960). Sa carrière se poursuivit à Barmen (1913-14), Strasbourg (1914-1917), Cologne (1917-1924) et Wiesbaden (1924-1927).
Nommé directeur musical de l'Opéra Kroll de Berlin (1927-1931), il en fit très rapidement une des premières scènes lyriques d'Allemagne, accueillant les nouvelles œuvres de Krenek, Weill, Schönberg, Hindemith et Stravinski dans des mises en scène expressionnistes politique novatrice fortement encouragée par la République de Weimar, mais qui valut à son auteur l'opprobre des nationaux-socialistes bientôt au pouvoir. Il dirigea également le Chœur philharmonique et, de 1931 à 1933, travailla au Staatsoper de Berlin. En 1933, Klemperer fut contraint d'émigrer aux États-Unis, où il prit la direction de l'Orchestre philharmonique de Los Angeles (jusqu'en 1940). Mais plusieurs graves accidents de santé, dont une hémiplégie, allaient interrompre une carrière et on le vit dorénavant diriger assis, jusqu'en 1970. Il fut encore chef de l'Opéra de Budapest (1947-1950) et président du New Philharmonia Orchestra (1959).
Compositeur, il a laissé un opéra (Das Ziel), une symphonie, des œuvres sacrées et des lieder. Interprète, il est entré vivant dans la légende. On a voulu ne voir en lui que le gardien sévère de la grande tradition germanique. C'est méconnaître le novateur fougueux qu'il sut être dans sa jeunesse et le lutteur inspiré qu'il devint dans l'adversité, élevant son art à la spiritualité la plus profonde.