Nicolas Gigault

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Organiste et compositeur français (Paris v. 1627 – id. 1707).

Il fut organiste à Saint-Honoré (1646), puis à Saint-Nicolas-des-Champs (1652), poste qu'il conserva jusqu'à sa mort en le cumulant avec ceux d'organiste à Saint-Martin-des-Champs, puis de l'hôpital du Saint-Esprit. Possédant chez lui un orgue et des instruments précieux, ce fut un bourgeois aisé et respectable, expert en facture d'orgues et professeur ­ il fut probablement, avec Roberday, l'un des maîtres de Lully. Il a laissé deux recueils de compositions. Un Livre de musique dédié à la très Sainte Vierge… (1683) contient des pièces convenant aussi bien à l'orgue qu'au clavecin et à divers instruments ; il présente les premiers noëls à variations de l'école française. Quant au Livre de musique pour l'orgue (1685), c'est, avec 184 pièces, le plus important de toute l'école d'orgue de notre pays. Il comprend trois messes, de nombreux morceaux groupés en six séries suivant les tons de l'Église, un Te Deum en 21 versets, suivi enfin de quatre pièces du huitième ton. Si la valeur de toutes ces pièces est inégale, Gigault n'en présenta pas moins plusieurs traits originaux et intéressants. C'est ainsi qu'il fut le premier à écrire pour son instrument en polyphonie à cinq voix ; il aimait aussi la manière de Frescobaldi ou celle de Titelouze, qu'il emprunta parfois dans son contrepoint, et il pratiquait une harmonie personnelle, émaillée de dissonances inattendues. Toutes ces pièces sont destinées à l'usage strictement liturgique, comme en témoignent l'emprunt de nombreux thèmes grégoriens et la concision de ces commentaires musicaux appelés à s'insérer dans le déroulement des offices religieux.