Minnesang

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Nom donné à la poésie allemande de cour des xiie et xiiie siècles. La lyrique des Minnesänger s'est développée sous le règne des Staufen, en Bavière, en Autriche, dans la vallée du Rhin, en Thuringe et en Suisse, parallèlement à celle des grands troubadours. Elle a subi fortement, dans sa thématique et dans ses formes, l'influence de la poésie d'oc, mais s'en est rapidement différenciée au contact de l'épopée (Nibelungenlied), du roman celtique et de la tradition cléricale des vagants.

Aussi les Minnesänger ont-ils dépassé en variété et en éloquence leurs homologues provençaux. Ils demeurent faibles sur un plan : celui de la musique. Les mélodies conservées (fragments de Münster, manuscrits d'Iéna et de Colmar) sont douteuses ou tardives, quand elles ne sont pas empruntées ou réduites à de courtes formules de récitation, inlassablement répétées, selon un procédé traditionnel dans le lai. L'originalité du Minnesang est le Spruch, qui a permis à Walther et, après lui, Alexander et Frauenlob, d'élever la chanson morale, religieuse et politique bien au-dessus du sirventès des Provençaux. Le Minnesang proprement dit peut être rattaché à la tradition de la fin'amor, mais préfère souvent à la mystique du « service d'amour » tel que Reinmar l'a codifié (hohe minne) le naturel et la sincérité (niedere minne).

La thématique courtoise reste donc l'apanage des poètes du « printemps » et de l'« été » du Minnesang : Heinrich von Veldeke, Friedrich von Hausen, Rudolf von Fenis, Heinrich von Morungen et, surtout, Reinmar et Walther von der Vogelweide. Neidhart et Tannhäuser tenteront ensuite d'innover dans le sens d'un plus grand réalisme, mais les Meistersinger, aux xive et xve siècles, ne recueilleront, après Hugo von Montfort et Oswald von Wolkenstein, que la technique et les artifices du Minnesang.