Miloslav Kabelač
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».
Compositeur tchèque (Prague 1908-id. 1979).
Il entra au conservatoire de Prague dans les classes de K. Jirak (composition) et de P. Dedecek (direction d'orchestre), puis se perfectionna au piano dans la classe de virtuosité de V. Kurz (1931-1934). Il travailla comme régisseur à la radio de Prague à partir de 1932, et y fut remarqué comme chef d'orchestre de 1945 à 1954. De 1958 à 1962, il enseigna la composition au conservatoire de Prague. Sa production connue (une soixantaine d'ouvrages) s'impose en premier lieu par ses huit symphonies (1942-1970), qui utilisent des effectifs différents et résolvent avec force et simplicité les problèmes de forme et d'équilibre posés.Rythmicien digne de l'école de Boris Blacher, doté d'un souffle épique naturel et austère, Kabelač est certainement, sur le plan international, l'un des plus grands symphonistes de sa génération. Son nom n'a malheureusement éveillé l'intérêt de l'Occident que lors de la création par les Percussions de Strasbourg, à qui elles sont dédiées, de ses Huit Inventions (1965). Il a su assimiler les apports positifs des diverses écoles du xxe siècle, en particulier, de celle de Schönberg (dont les Variations pour orchestre op. 31 furent pour lui un exemple), et a utilisé tous les moyens à sa disposition dans un but profondément expressif, avec économie et efficacité. La tension dramatique de ses œuvres, en particulier de ses huit symphonies, font d'elles de véritables opéras sans parole, évoluant d'un seul bloc. On trouve souvent dans les dernières des structures symétriques, directes et rétrogrades, d'essence dodécaphonique, mais s'articulant sur des choix aléatoires : ainsi, dans Reflets op. 49, suite de neuf miniatures pour orchestre de chambre, de dialogues entre Kabelač et son temps (1963-64). L'influence de Alois Hába est nette dans la 6e pièce, tandis que la tension modale de la 7e est un hommage à Bartók. À partir de 1963, il s'est intéressé à la musique électronique. Homme discret et strict, Kabelač disparut de la scène publique (et ses œuvres avec lui) de 1968 à sa mort. Il reste l'une des personnalités les plus fortes et l'un des meilleurs exemples de l'art tchèque issu de Janáček et de A. Hába.