Mexique

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Les vestiges des musiques antiques (« l'expression la plus profonde de l'âme mexicaine », selon Carlos Chavez) et des chants et danses de l'époque précortésienne constituent un fonds d'une inestimable richesse auquel la plupart des compositeurs mexicains se sont référés pour personnaliser leur école nationale.

À cet art indigène, les différents témoignages d'un folklore néo-espagnol se sont intégrés à partir du xvie siècle, tandis que les premiers centres musicaux étaient fondés sous l'impulsion d'un franciscain, Fray Pedro de Gante. On trouve, dès cette époque, quelques essais polyphoniques de compositeurs locaux influencés par les Espagnols et, un peu plus tard, par l'opéra italien. Au xviiie siècle, la musique instrumentale prend son essor, toujours dans le goût italien (Vivaldi), et la cathédrale de Mexico dispose d'un orchestre qui devient de plus en plus indépendant à l'égard des voix : Manuel de Sumaya et surtout Antonio Sarrier (1710-1775) et José Aldana (1758-1810) sont les meilleurs compositeurs de l'âge baroque, coïncidant avec les dernières décennies de la période coloniale. Les premières réalisations d'une musique nationale sont cependant postérieures à l'indépendance. José Mariano Elizaga (1786-1842) fonde alors le conservatoire de Mexico et la Société philharmonique, qui révèle les grandes symphonies classiques. Aniceto Ortega (1823-1875) écrit le premier opéra s'inspirant d'un sujet mexicain Guatimotzin, et Melesio Morales (1838-1908), auteur de 5 opéras (dont Roméo et Juliette) et de nombreuses pages religieuses, exalte le progrès scientifique dans sa Locomotive. Ses disciples ne manquent pas de reconnaître en lui un professeur émérite, un technicien sérieux et le promoteur de toute la musique mexicaine.

C'est à la fin du siècle que cette musique prend sa place hors des frontières géographiques, grâce à des compositeurs qui exploitent les découvertes folkloriques et ethnomusicologiques. Mais alors que Herrera de la Fuenta, José Rolon, Candelario Huizar, Eduardo Hernandez-Moncada ou Antonio Gomezanda s'en tiennent à un style traditionnel, quatre personnalités de premier plan tentent de concilier cet héritage autochtone avec les différentes disciplines d'écriture de leur génération : Julian Carillo (1875-1965), pionnier du microtonalisme et de nouveaux moyens d'expression sonore ; Manuel Ponce (1882-1948), créateur du symphonisme folklorique ; Silvestre Revueltas (1899-1940), prospecteur intrépide de la polytonalité ; Carlos Chavez (1899-1978), styliste éclectique et défenseur autorisé de la véritable musique mexicaine dans ses synthèses historiques.

La génération suivante a manifesté plus d'indépendance à l'égard de ces références nationalistes, au bénéfice d'une esthétique se réclamant de la tendance postsérielle, de l'électroacoustique ou de l'aléatoire. Au groupe des Quatre (Daniel Ayala, Blas Galindo, Salvador Contreras et José Pablo Moncayo), fondé en 1935 et qui fait aujourd'hui figure de néoclassique, ont succédé le groupe Nueva Música (fondé en 1957 par Joaquin Gutierrez-Heraz) et un certain nombre de compositeurs aux techniques éclectiques, qui constituent aujourd'hui l'avant-garde de l'école mexicaine : Carlos Jimenez-Mabarak (1916), Manuel Enriquez (1926), Francisco Savin (1929), Armando Lavalle-Garcia (1924), Mario Kuri Aldana (1931), Manuel Jorge de Elias (1939), Eduardo Mata (1942), Mario Lavista (1943), etc.