Saverio Mercadante

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Compositeur italien (Altamura, prov. de Bari, 1795 – Naples 1870).

Élève de Zingarelli, pour la composition, à Naples, où il fut le condisciple de Bellini, il apprit en outre le violon et la flûte et acquit un solide métier qui lui permit de percevoir les courants nouveaux du romantisme naissant, tout en restant fidèle aux principes essentiels et aux schémas de la vieille école. C'est ainsi qu'il sut mêler une écriture vocale encore belcantiste aux nécessités d'une instrumentation où le choix des timbres acquérait une fonction dramatique.C'est à Naples qu'il donna son premier opéra, l'Apoteosi d'Ercole (1819), avant de se faire connaître à Rome dès 1820, puis à Bologne et enfin à Milan, où, en 1821, triompha Elisa e Claudio, une de ses œuvres maîtresses. Turin, Vienne, Madrid, Lisbonne accueillirent ensuite ses opéras nouveaux avec des fortunes diverses, et, en 1833, Mercadante succéda à Generali comme maître de chapelle à Novarre. Après avoir dirigé ses Briganti à Paris en 1836, il retrouva Naples, au sommet de sa maturité, et y donna successivement Il Giuramento (1837), qui, en moins de vingt ans, fut joué de Russie en Amérique, puis Le Due Illustri Rivali (1838), et Il Bravo en 1839, cependant qu'il succédait à Zingarelli à la tête du conservatoire, triomphant ainsi de son rival Donizetti. Il n'en poursuivit pas moins une féconde activité créatrice que marquèrent notamment La Vestale (1840), Il Reggente (1843), Pelagio (1857) et, malgré une cécité devenue totale dès 1862, Virginia (1866).

Sa longue carrière fit de Mercadante le contemporain de Rossini et de Bellini, dont il subit l'influence, puis de Donizetti et de Verdi, qui, à son tour, s'inspira de certains de ses procédés. Ecrasé par ce redoutable voisinage, Mercadante n'en demeure pas moins plus qu'un compositeur " élégant « ; il fut l'un des rares auteurs italiens qui sut assumer une difficile transition entre l'héritage rossinien (et prérossinien) et l'esprit nouveau qui imprima à son œuvre une force dramatique inconnue ; d'autre part, resté à l'écart des aspirations du Risorgimento et fidèle au public napolitain, il persévéra à traiter la voix en héritier du bel canto, fidélité qui lui vaut actuellement un regain de faveur.