Johann Simon Mayr

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Compositeur allemand naturalisé italien (Mendorf, Bavière, 1763 – Bergame 1845).

Fils d'un organiste d'Ingolstadt, il bénéficia de son enseignement, pratiqua divers instruments et étudia la théologie. Il fut ensuite l'élève de Lenzi à Bergame en 1789, puis se perfectionna à Venise avec Giuseppe Bertoni, élève du père Martini et successeur de Galuppi à Saint-Marc.

C'est là que Mayr fit exécuter ses premières œuvres de musique sacrée, puis son opéra Saffo (1794) et une farsa, Che originali (1798), dont le succès détermina sa vocation théâtrale. Il succéda en 1802 à Lenzi comme maître de chapelle à Bergame, où il se fixa, refusant diverses offres flatteuses, dont celle de remplacer Lesueur à la tête du Conservatoire de Paris. Il fonda en 1805 un institut musical, où il eut notamment pour élève Donizetti, de 1806 à 1815. Il créa encore en 1822 une société philarmonique dédiée à la divulgation du répertoire classique allemand, et, frappé de cécité en 1826, dut cesser ses activités de façon prématurée.

Grâce à ses opere serie, Mayr occupe une place de premier plan dans l'évolution du genre, entre la disparition ou le retrait de Mozart, Cimarosa et Paisiello et l'apparition de Rossini. Au contraire de Cherubini, Spontini et Paër, qui avaient quitté leur pays, il assimila le style vocal et les structures lyriques de l'Italie et leur joignit une science de l'orchestration acquise à l'ombre de l'école de Mannheim, et grâce à sa connaissance de Haydn, de Mozart et de Gluck, puis de Cherubini. Continuateur de Hasse, il parvint néanmoins à ébranler l'édifice de l'opéra métastasien par l'emploi plus fréquent du récitatif accompagné, par le choix de structures ouvertes, qui incorporaient parfois le chœur à l'action elle-même, par une harmonie dérivée de celle de Mozart et par l'élargissement de l'effectif orchestral, où, avant Spontini et Rossini, et bien avant Berlioz, il incorpora le cor anglais, la harpe, certaines percussions, etc., accordant une attention particulière aux bois, et leur confiant de nombreux traits de virtuosité. Si nous y ajoutons l'usage du crescendo orchestral, nous constatons que Mayr fut le plus important des prédécesseurs de Rossini, et un auteur ouvert aux courants les plus variés ; il s'inspira de Goldoni, de Voltaire, des auteurs français de style larmoyant. Sa science fit oublier ce que son inspiration mélodique avait de trop traditionnel. Outre de nombreuses œuvres de musique sacrée et une production instrumentale originale et variée dans le choix des instruments, on doit à Mayr environ 70 opéras, parmi lesquels Lodoïska (1796), Ginevra di Scozia (1801), qui fut tenu pour son chef-d'œuvre, I Misteri Eleusini (1802), L'Amor conjugale (1805), d'après le livret de Bouilly à l'origine du Fidelio de Beethoven, Adelasia e Aleramo (1806), Raoul de Créquis (1809), La Rosa rossa e la Rosa bianca (1813), Medea in Corinto (1813), qui éclipsa longtemps l'œuvre homonyme de Cherubini, Fedra (1820) et Demetrio (1824).

Mayr écrivit aussi une monographie sur Joseph Haydn (Bergame, 1809).