Mantoue

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Cette ville d'Italie du Nord fut, à la Renaissance, l'un des centres les plus importants pour la vie musicale. Dès le xiiie siècle, Sordello da Goito y acquit une réputation de « bons chantaire e bons trobaire ». À partir de 1328, la ville et ses territoires passèrent à la famille de Gonzague qui devait jouer un rôle déterminant dans le développement de la culture et, surtout, de la musique. Le xve siècle vit chanteurs, instrumentistes, organistes et théoriciens affluer à la cour (Vittorino da Feltre et le Français Johannes Legrense, son successeur, qui transmit ses idées humanistes à ses élèves, dont Gaffurio). Mantoue s'employa à promouvoir un art musical national ; d'ailleurs les fifres et les trompettes de la ville étaient déjà célèbres dans toute l'Italie. Isabella d'Este, fille d'Ercole d'Este, duc de Ferrare, épousa Francesco II Gonzague en 1490. Musicienne aussi accomplie que sa sœur Béatrice, épouse de Ludovico Sforza le More, Isabella attira à la cour nombre de musiciens, étrangers comme Josquin Des Prés, Agricola, Carpentras et Compère, ou italiens comme Pesenti, Caprioli, F. da Laurana et, tout particulièrement, Bartolomeo Tromboncino et Marchetto Cara dont les frottole ont répandu une des principales formes musicales de cette époque. En 1534, Jachet de Mantoue fut nommé magister puerorum, puis maître de chapelle de la cathédrale. Le duc Guglielmo, qui régna de 1550 à 1587, fit ériger l'église Santa Barbara et en créa la cappella. Palestrina refusa un poste offert, mais, comme Soriano (maître de musique des Gonzague de 1581-1586), composa des messes polyphoniques pour Santa Barbara. Avec Vincenzo Gonzague, Mantoue atteignit son apogée. On y trouve A. Striggio, le Tasse, G. Gastoldi, Viadana, etc. Le maestro di cappella à Santa Barbara était Giaches de Wert, auquel succédèrent Pallavicino et, en 1601, Monteverdi.

Avec Florence, Mantoue fut la ville la plus importante pour l'histoire de l'opéra à ses débuts : L'Orfeo de Monteverdi y fut créé en 1607, suivi de son Arianna, qui inaugura le nouveau Teatro Ducale de l'architecte Viani, et de la Dafne de Marco da Gagliano, tous deux en 1608 et sur des livrets de Rinuccini.

Avec la mort de Vincenzo (1612) s'amorça le déclin de la ville, où les activités musicales se maintinrent malgré tout. De 1701 à 1707, Antonio Caldara fut le maître de chapelle du dernier duc de Mantoue, Ferdinando Carlo. À partir de 1708, la ville fut dominée par les Autrichiens. Le Teatro Nuovo, reconstruit après 1732, donna en 1720 La Candace et en 1732 Semiramide de Vivaldi, en 1782 Il Trionfo della Pace de Guiseppe Sarti. En 1777, l'impératrice Marie-Thérèse ouvrit une école publique de musique à Mantoue. Deux théâtres principaux fonctionnaient au xixe siècle, le Sociale (1822) et l'Andreani, inauguré en 1862 avec I Masnadieri de Verdi. Enfin, en 1972, le Teatro Accademico, où Mozart joua en 1770, rouvrit ses portes après sa restauration.