Luca Marenzio

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Compositeur italien (Coccaglio 1553 – Rome 1599).

Après avoir appartenu à la maîtrise de la cathédrale de Brescia (où il aurait eu pour professeur Giovanni Continuo), il servit le cardinal Madruzzo à Rome, avant de travailler pour le compte du cardinal Luigi d'Este. En 1588, il est à Florence, déjà connu (il a publié ses premiers livres de madrigaux), et il y œuvre pour les Médicis (il collabore à la comédie-intermède La Pellegrina, qui marque une étape importante, dans l'histoire de la réforme mélodramatique, sur la voie qui aboutira au jeune drame lyrique). Puis on le retrouve à Rome au service de plusieurs princes et prélats, dont le cardinal Cinzio Aldobrandini. Après un séjour à Venise en 1598, il meurt à Rome où il est enterré.

Le succès que Marenzio a rencontré de son vivant comme madrigaliste fait qu'il a été pris comme modèle par plusieurs générations de musiciens, parmi lesquels on compte pratiquement tous les chefs de file du temps, à commencer par Monteverdi. Moins audacieux et moins singulier, dans ses stravaganze, que le cruel harmoniste Gesualdo, prince de Venosa, il peut être considéré comme le grand classique du mouvement madrigalesque car, chez lui, le souci du fond se marie toujours harmonieusement aux préoccupations de la forme. Charmeuse, ordonnée, amoureuse de lumière et de clarté, son écriture témoigne d'une admirable virtuosité, mais contrôlée par une sobriété expressive qui commande à l'émotion. Ce qui ne l'empêche pas de choisir avec un remarquable discernement ses textes (Pétrarque, Torquato Tasso, Guarini dont le célèbre Pastor Fido est, dans cette seconde moitié du xvie siècle, la « bible » des compositeurs profanes) et de faire écho, par les effets descriptifs de la musique (le genre madrigalesque est ainsi parfois qualifié de « peinture par l'oreille »), à la vocation poétique des paroles (O Voi che sospirate).

Sans doute son lyrisme raffiné est-il plus sensible au bonheur pastoral ou bucolique qu'au trait dramatique. Reste que ce maître parmi les maîtres sait aussi user de l'effet chromatique pour privilégier l'émotion avec le sentiment intense et que, chez lui, le polyphoniste s'ouvre souvent au nouveau style du temps, attentif à la souplesse et à la symétrie des rythmes, à la prosodie naturelle des mots et à une déclamation volontiers homorythmique (rejoignant en cela le programme esthétique des mélodramatistes florentins).