Kleiber

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Famille de musiciens d'origine autrichienne.

Erich, chef d'orchestre autrichien naturalisé argentin en 1939 (Vienne 1890 – Zurich 1956). Après des études à Vienne, puis à Prague, il débuta avec l'Ouverture d'Euryanthe de Weber et fut aussitôt nommé à Darmstadt (1912-1919). L'année 1916, avec le Chevalier à la rose, inaugura une longue collaboration avec Richard Strauss. Nommé à Eberfeld (1919), puis à Düsseldorf (1921), où il mena une politique musicale hardie (Schönberg, Hindemith), et enfin à Mannheim (1922), il remplaça Leo Blech dans Fidelio à l'Opéra de Berlin (1923) et remporta un succès tel que trois jours après il fut nommé directeur général de la musique de l'Opéra de Berlin. Il y resta onze ans (1923-1934). Cette période fut extrêmement féconde : il créa Jenufă de Janáček (1924), Wozzeck (après 137 répétitions assidues) de Berg (1925), concert mémorable et le plus grand succès de sa carrière, Christophe Colomb de Milhaud (1930) et plusieurs autres ouvrages contemporains. Peu enclin aux accommodements envers la politique culturelle du régime nazi, il dirigea en première audition, et avec succès, les pièces symphoniques de Lulu de Berg. Mais, après l'interdit jeté sur cette œuvre, il donna, à la suite de Furtwängler, sa démission de l'Opéra de Berlin (1934), ville où il ne retourna qu'en 1951.

Une vie de vagabondage commença. Déçu de ne recevoir aucune offre de sa ville natale, il devint citoyen argentin, et prit à Buenos Aires la direction du Teatro Colón (1937-1949), commençant en même temps une seconde carrière de chef d'orchestre pionnier au Chili, en Uruguay, au Mexique et à Cuba. Après la guerre, il reprit ses activités européennes. Il donna en 1951 au Mai musical florentin, avec Maria Callas dans le rôle-titre, la création mondiale d'Orfeo ed Euridice de Haydn. Nommé à l'Opéra de Berlin (1955), il démissionna immédiatement pour protester contre l'intrusion politique stalinienne. Après quelques villes d'Europe, ce fut enfin Vienne : deux mois avant sa mort, Kleiber y dirigea le Requiem de Verdi. Refusant toute complaisance, d'une rigueur extrême doublée d'une ardeur presque fanatique, Erich Kleiber ne laissait aucune place à l'improvisation et tendait à la précision la plus extrême. Parmi ses enregistrements, des versions mémorables du Chevalier à la rose et des Noces de Figaro.

Carlos, chef d'orchestre argentin (Berlin 1930). Fils du précédent, naturalisé autrichien en 1980, il entreprit des études musicales au Teatro Colón de Buenos Aires (1950) et donna son premier concert à La Plata (1952). De retour en Europe (1953), sur le conseil de son père, il se détourna d'une carrière musicale pour étudier la chimie à Zurich. Mais l'appel de la musique fut le plus fort : acceptant le poste de répétiteur au théâtre de la Gärtnerplatz de Munich, il cumula alors les fonctions de chef d'orchestre à Potsdam et à l'Opéra allemand du Rhin (dès 1954), à Düsseldorf et à Duisburg (1956-1964). Chef attitré de l'Opéra de Stuttgart (1966), il y dirigea Wozzeck, puis le Chevalier à la rose, Elektra, Tristan und Isolde, Otello, Carmen et le Freischütz, qu'il enregistra intégralement (1973). Depuis 1968, on le voit fréquemment à la tête du Staatsoper de Munich. En 1974, il fit ses débuts à Bayreuth avec Tristan und Isolde et participe depuis au festival de Vienne et au Printemps de Prague.