Manolis Kalomiris

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Compositeur grec (Smyrne 1883 – Athènes 1962).

Il travailla le piano à Athènes avec T. Xanthopoulos, puis à Constantinople, avec S. Spanoudi (1899-1900). Entre 1901 et 1906, il séjourna à Vienne, où il étudia, dans la Gesellschaft der Musikfreunde, le piano avec Bauch et Sturm, l'histoire de la musique avec Mandyczewski, la composition et le contrepoint avec Grädener. De 1906 à 1910, il exerça comme professeur de piano au lycée Obolensky de Kharkov. À partir de 1910, il s'installa à Athènes, où il fut d'abord professeur de piano, d'harmonie et de contrepoint au conservatoire d'Athènes (1911-1919), puis directeur-fondateur du Conservatoire hellénique (1919-1926), enfin directeur-fondateur du Conservatoire national (1926-1948). Au nombre de ses titres honorifiques, on compte celui d'académicien : il fut élu à l'Académie d'Athènes en 1945.

Son œuvre est très abondante et touche tous les domaines. À signaler parmi ses opéras : Protomastoras (« le Contremaître », 1915, rév., 1929, 1940), qui fut le premier véritable opéra national, et Constantin Paléologue (1961), où l'écriture contrapuntique très dense domine, notamment dans la deuxième partie ; ces deux opéras sont basés sur des œuvres de Níkos Kazantzákis. Au nombre de ses œuvres pour une voix et orchestre : les deux cycles des Iambes et Anapestes sur des poèmes de K. Palamas (1905-1925, 2e cycle v. 1943). Kalomiris a également composé de nombreuses mélodies ­ au nombre de 94 ­ sur des poésies populaires ou sur des poèmes de poètes grecs, notamment de K. Palamas, véritables joyaux, qui constituent peut-être la meilleure contribution du genre en ce qui concerne la musique néohellénique.

Parmi les œuvres symphoniques de Kalomiris, il faut distinguer 3 symphonies (1920, remaniée, 1937, 1952, 1931, 1955) et son Concerto symphonique pour piano et orchestre (1935). Sa musique de chambre comprend, entre autres, 1 trio avec piano (1921) et 1 sonate pour violon et piano (1948). Enfin, parmi ses 25 compositions pour piano, 3 ballades (1905-1906, la 1re rem., 1933 ; la 3e , 1958), 2 rhapsodies (1921), dont la première fut orchestrée par G. Pierné (1922), 5 préludes (1939) et 3 séries de morceaux faciles, Pour les jeunes Grecs (1905-1949).

Kalomiris fut en même temps un pédagogue averti et, soit par ses écrits, soit par son action en tant que fondateur de deux conservatoires, il donna une réelle impulsion à l'éducation musicale grecque. Son inspiration trouva une double source dans la chanson populaire grecque et le contrepoint sévère. Il fut le père de l'école nationale en ce sens que, plus que tout autre, il sut s'inspirer des traditions byzantine et populaire grecque en s'éloignant de l'influence italienne que la musique grecque subissait jusqu'alors. Son langage « national » ne doit pourtant pas faire oublier que Kalomiris était un brillant orchestrateur et un fin connaisseur de l'écriture horizontale. Sa dernière œuvre, Constantin Paléologue, est le meilleur exemple de cette double inspiration et des capacités orchestrales et dramatiques du compositeur.