Johann Mattheson
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».
Compositeur et théoricien allemand (Hambourg 1681 – id. 1764).
Organiste dès l'âge de neuf ans, il bénéficia d'une très solide éducation, et se produisit comme chanteur (1696), puis comme chef d'orchestre et compositeur (1699) à l'Opéra de sa ville natale, où en 1703 il fit la connaissance de Haendel, qu'il faillit tuer en duel. Secrétaire de l'ambassadeur britannique à Hambourg (1706), directeur de la musique à la cathédrale (1718-1725), maître de chapelle du duc de Holstein (1719), il composa à cette époque beaucoup d'œuvres pour la plupart restées manuscrites : 6 opéras, plusieurs oratorios, des cantates, 12 sonates à 2 et 3 flûtes sans basse (Amsterdam, 1708), suites pour clavecin (Londres, 1714). Dans son Manuel du parfait organiste (1719), il employa les 24 tonalités majeures et mineures, annonçant par là le Clavier bien tempéré de Bach. En 1728, une complète surdité, dont les premiers signes s'étaient manifestés dès 1705, l'obligea à se retirer de la vie publique. Il se consacra alors à des écrits théoriques qui le font apparaître comme une sorte de pape dans les affaires musicales de son temps tout en constituant en quelque sorte le point de départ de la musicologie allemande. Son esprit vif et belliqueux et sa plume acérée, mais aussi ses attaches avec les goûts plutôt conservateurs de l'Allemagne du Nord se manifestent notamment dans ses deux principaux écrits : le Parfait Maître de chapelle (Der Vollmommene Kapellmeister, Das ist Gründliche Anzeige aller derjenigen Sachen, die einer wissen… muss, der einer Capelle… vorstehen will, 1739 ; rééd., 1954), et Fondement d'un arc de triomphe (Grundlage einer Ehren-Pforte, 1740 ; rééd., 1769), source inépuisable de renseignements biographiques sur les musiciens. Il signa près de 120 ouvrages littéraires, parmi lesquels, en 1761, une traduction commentée de la biographie (parue sans nom d'auteur) de Haendel par Mainwaring (rééd., 1976).