Jean de Hollingue, dit Mouton
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».
Compositeur franco-flamand (Haut-Wignes, Hollingue, près de Samer, vers 1459 – Saint-Quentin 1522).
D'après Ronsard, il aurait été élève de Josquin Des Prés. Il fut enfant de chœur à Notre-Dame de Nesle (1477-1483), maître de chapelle à Nesle (1483), maître des enfants à la cathédrale d'Amiens (1500) et à Saint-André de Grenoble (1501-1502), avant d'entrer à la chapelle d'Anne de Bretagne (1509) ; il composa un motet pour la mort de cette dernière en 1514. Il servit ensuite Louis XII et François Ier, pour le sacre duquel il composa un Domine selvum fac regem et un Exalta regina Galliæ pour la victoire de Marignan. À la fin de sa vie, il fut chanoine du Thérouanne et de Saint-Quentin. Il fut le maître de Willaert à Paris et l'ami de Févin, dont il écrivit la déploration Qui ne regretterait le gentil Févin. Glaréan, qui l'a rencontré à la cour entre 1517 et 1522, a vanté le caractère coulant de son chant. L'essentiel des compositions de Mouton est constitué d'œuvres religieuses : 120 motets environ, qui ont été au cours du xvie siècle fréquemment transcrits pour luth ou orgue ; 10 Magnificat ; 15 messes à 4 ou 5 voix basées la plupart sur un cantus firmus, traité en parodia. Si quelques motets gardent encore la vieille tradition isorythmique héritée du xive siècle (Missus est Gabriel), Mouton adopte plus volontiers un traitement canonique de toutes les voix. Il sait faire un emploi judicieux des silences (motet Nesciens mater). Parfois il laisse éclater une joie sans réserve (Gaude, virgo Katherina). Dans ses motets sur des psaumes, il serre de près le texte dans son articulation comme dans son contenu, tout en conservant une ligne mélodique nette et concise.