Jean-Baptiste Pergolèse

en ital. Giovanni Battista Pergolesi

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Compositeur italien (Iesi 1710 – Pouzzoles 1736).

Fils d'un expert agronome de Pergola, il révéla une intelligence précoce, apprit le violon dans sa ville natale, et sans doute, fin 1723, fut envoyé à Naples, où il fut élève aux Poveri de Gesù Cristo. On ne sait s'il bénéficia véritablement d'un mécénat, ou s'il put aussitôt subvenir à ses besoins grâce à son talent de violoniste, confirmé dès 1729. Élève de De Matteis et de Gaetano Greco, il semble avoir achevé ses études avec Vinci et avec Francesco Durante, et les avoir couronnées avec l'exécution d'un drame sacré (La Conversione di San Guglielmo d'Aquitania, contenant des scènes comiques) et avec l'oratorio La Morte di San Giuseppe. Il affronta sans succès le véritable public au San Bartolomeo avec Salustia (1732), puis triompha la même année aux Fiorentini avec une comédie en 3 actes en dialecte napolitain due à G. A. Federico, Lo Frate'nnamurato. En 1733, l'opera seria Il Prigonier superbo contenait l'intermezzo La Serva padrona qui, repris isolément dès 1738, ne devait plus jamais quitter l'affiche. De même, Livietta e Tracollo fut détaché de l'opera seria Adriano in Siria (1734), sur un poème de Métastase. Ce dernier lui fournit encore une Olimpiade, donnée à Rome en 1735. Dès 1732, Pergolesi avait occupé des fonctions de maître de chapelle à Naples, cependant que Rome le réclamait souvent. En 1735 se situe la légende de son amour, partagé mais contrarié, avec Maria Spinelli, d'origine princière. Miné par une tuberculose déjà ancienne, il se retira au couvent des Capucins de Puozzoli, où il acheva son Stabat Mater et mourut à vingt-six ans.

La vie trop brève de Pergolèse est encore très mal connue, et la fortune extraordinaire de sa Serva padrona, qui, malgré sa valeur, n'est pas sa plus grande œuvre, devait conduire maints éditeurs à publier sous son nom d'innombrables ouvrages de Hasse, Vinci, Logroscino, etc. Des ariettes célèbres, comme Se tu m'ami et Tre giorni son che Nina, sont peut-être apocryphes, et il en va de même de la plupart de la musique instrumentale qui lui fut attribuée : on ne peut en retenir avec certitude que 1 ou 2 concertos et moins de 10 sonates. Les 6 Concerti Armonici, qui circulèrent sous son nom puis sous celui de Carlo Ricciotti, ont été attribués récemment (1980) à un mystérieux Hollandais, Unico Graf Van Wassenaer (1692-1766). Une meilleure connaissance de Durante, de Leo et même de Hasse permettra un jour de mieux situer Pergolèse, dont la place apparaît néanmoins exceptionnelle en son temps. Il se montra traditionnel dans l'opera seria, où son écriture vocale reste surchargée de tournures baroques, déjà reniées par Alessandro Scarlatti, mais son orchestre y est riche et original. Plus heureux dans le domaine léger, il y fit preuve d'une inspiration mélodique expressive et tendre, due à la grâce inhabituelle de courtes formules peu développées. Ses succès posthumes en la matière (La Serva padrona fut à l'origine de la Querelle des bouffons) le firent passer à tort pour l'inventeur de l'opera buffa et de l'intermezzo. Mais c'est peut-être sa musique religieuse et ses cantates qui révèlent le mieux son génie. Les 2 ou 3 messes qui lui reviennent avec certitude, ses Salve Regina et surtout son Stabat Mater annoncent parfois Haydn, bien qu'antérieurs aux grandes partitions de Haendel (mais il ne faut pas oublier que Pergolèse était un contemporain de Gluck et de Carl Philipp Emanuel Bach). La mort prématurée de Pergolèse contribua à entretenir sa légende, mais il reste un des plus grands représentants de l'école napolitaine du xviiie siècle.