Jérôme de Moravie ou Hieronymus de Moravia

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Théoricien de la musique originaire de Moravie (fin xiiie s.).

Il fut dominicain au couvent de la rue Saint-Jacques à Paris, où il semble avoir enseigné la musique pendant plusieurs années. Il a été rendu célèbre par son Tractatus de musica (éd. critique par S. Cserba, Ratisbonne, 1935), rédigé probablement dans la seconde moitié du xiiie siècle.

Ce traité peut être considéré comme une véritable encyclopédie de la musique de l'époque. Compilation des traités existants, selon un procédé alors habituel, son originalité tient à ce que Jérôme de Moravie ne manque pas de citer ses sources, voire de les résumer. Les auteurs dont il évoque les théories sont les plus réputés de ce temps, tels Francon de Cologne, Jean de Garlande, Pierre Picard ; il reproduit textuellement leurs ouvrages, ou encore Boèce, Gui d'Arezzo, Jean Cotton et Isidore de Séville, qui sont à la base de son enseignement. Faisant état de préoccupations pédagogiques, l'auteur donne aussi des règles de composition et d'esthétique ; il semble en particulier avoir été le premier à rendre compte de façon détaillée des règles concernant le rythme et l'ornementation du chant ecclésiastique au Moyen Âge. Un autre chapitre important fournit des renseignements précieux sur l'accord et le doigté de deux instruments à archet : le rebec à deux cordes et la vièle à cinq cordes.

Témoin d'une culture musicale qui réunissait l'art et la science, ce traité est l'un des plus importants que l'on possède pour l'histoire de la musique du Moyen Âge.