Désiré Émile Inghelbrecht

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Chef d'orchestre et compositeur français (Paris 1880 – id. 1965).

Fils d'un altiste de l'Opéra, il fit ses études au Conservatoire de Paris. À l'âge de seize ans, il entra dans l'orchestre des concerts de l'Opéra comme second violon, ayant étudié cet instrument auprès de son père. Entre 1903 et 1908, il composa ses premières mélodies et œuvres instrumentales, et prit la baguette au Concert national pour y diriger ses propres partitions (Marine, la Serre aux nénuphars, Automne). En 1908, Robert d'Humières l'engagea comme directeur musical du Théâtre des Arts, où il devait créer la Tragédie de Salomé de Florent Schmitt. En 1911, il participa comme chef de chœur à la création du Martyre de saint Sébastien de Debussy au Châtelet et, en 1913, il assura la direction de la première saison musicale du Théâtre des Champs-Élysées, où il dirigea Benvenuto Cellini, le Freischütz et Boris Godounov. Entre-temps, il avait fondé en 1912 l'Association chorale de Paris, dont il dirigea les premiers concerts (1914). Il fut mobilisé durant la Première Guerre mondiale, puis on le retrouve en 1919 à la tête des Concerts Ignace-Pleyel, qui s'imposaient de ressusciter des œuvres instrumentales des xviie et xviiie siècles. Entre 1920 et 1923, Inghelbrecht dirigea en tournée l'orchestre des Ballets suédois. C'est à partir de cette époque qu'il commença à composer des ballets (El Greco, 1920 ; le Diable dans le beffroi, d'après E. Poe, 1921 ; Jeu de couleurs, 1933), qui furent généralement créés par son épouse, la danseuse Carina Ari. Inghelbrecht fut successivement directeur de la musique à l'Opéra-Comique (1924-25), chef de l'orchestre Pasdeloup (1928-1932) et directeur de l'Opéra d'Alger (1929-30). En 1934, il fonda l'Orchestre national de la Radiodiffusion française, à la tête duquel il devait rester pendant quinze ans, faisant connaître, par le truchement des ondes, les grandes œuvres symphoniques et lyriques. On lui doit la première exécution en France de la version originale de Boris Godounov (1935).

Inghelbrecht a laissé plusieurs ouvrages de souvenirs et de commentaires sur son art : Comment on ne doit pas interpréter Faust, Carmen, Pelléas (1933), Mouvement contraire (1947), le Chef d'orchestre et son équipe (1950), Le chef d'orchestre parle au public (1957).