Joseph Matthias Hauer

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Compositeur autrichien (Wiener-Neustadt 1883 – Vienne 1959).

Après des études générales dans sa ville natale, il occupe un poste d'instituteur à Krumbach et se met à l'étude de la musique en autodidacte, pendant ses loisirs. Au bout de quelques années, il devient professeur de musique dans les collèges et écoles secondaires et, après la Première Guerre mondiale, s'installe à Vienne comme professeur de musique. Dès 1908, il a commencé à élaborer un système de musique atonale utilisant des séries de douze sons et il peut être ainsi considéré comme un précurseur de Schönberg. Hauer commence à composer à partir de 1918, selon les mêmes principes théoriques. Mais, contrairement à la méthode de Schönberg, qui fixera définitivement l'ordre de succession des douze sons dans chaque série, la démarche de Hauer laisse une plus grande liberté au compositeur dans l'utilisation du total chromatique. La logique du système, de même que l'arrière-plan esthético-philosophique inspiré de la Farbenlehre de Goethe, incitera pendant longtemps Hauer à écarter toute idée de polyphonie. S'intéressant plus volontiers aux musiques orientales ­ chinoise, en particulier ­ qu'à l'héritage classique européen, dont il regrette l'évolution harmonique, la plupart de ses œuvres reflètent cet état d'esprit par leur caractère presque toujours homophone, privilégiant, par ailleurs, la voix humaine et les instruments réglés sur le « tempérament égal », tels que le piano ou l'harmonium, au détriment des instruments à cordes et à vent. Ce n'est que dans les dernières années de sa vie que Hauer introduit plus de souplesse dans ses conceptions, notamment dans la cantate Der Menschen Weg (« le Chemin des hommes » 1934 ; rév. 1952). Il met également au point un système d'écriture de la musique de douze sons (Zwölftonschrift). Tout en rendant hommage au chercheur, Schönberg lui-même, dans la préface à son traité d'harmonie, insiste sur l'aspect trop rigoureusement systématique de la démarche de Hauer, qui donne souvent à ses œuvres un caractère expérimental. Sa production, d'ailleurs considérable et couvrant presque toutes les formes, est restée en grande partie inédite. Il a composé deux opéras, dont Salammbô op. 60 (création par O. Klemperer, Berlin, 1930), d'après Gustave Flaubert, des œuvres pour piano seul, pour orchestre, de la musique de chambre, des œuvres pour voix et orchestre, pour chœurs, et des mélodies sur des poèmes de Hölderlin.