Melchior, baron de Grimm

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Écrivain allemand (Ratisbonne 1723 – Gotha 1807).

Il vécut à Paris à partir de 1749, où il se lia avec les milieux littéraires et mondains. Il connut Diderot, d'Alembert, Rousseau, Helvetius, Marmontel et collabora à l'Encyclopédie, pour laquelle il écrivit l'article sur la poésie lyrique, ainsi qu'au Mercure de France (1750-1751).

Critique et chroniqueur réputé, il joua un rôle important dans le mouvement des idées en s'engageant dans les polémiques et les querelles de son époque. Ses jugements sur la vie musicale et ses théories visant à encourager la recherche d'un style nouveau en musique apparaissent dans sa Correspondance littéraire, philosophique et critique, qu'il rédigea entre 1753 et 1773, et dont la publication, entreprise après sa mort, en 1812-1814, fut achevée en 1882. La position qu'il adopta tout d'abord à l'égard de la musique française dans la Lettre sur Omphale (1752) reflète celle de beaucoup de ses contemporains. Impressionné par l'impulsion nouvelle que semblait pouvoir apporter la musique italienne, il loua celle-ci même lorsqu'il se proposait principalement de défendre la musique de Rameau contre celle de Destouches. Cette brochure figurait néanmoins en bonne place parmi les derniers avatars de la querelle du ramisme.

Dans la « Querelle des bouffons » qui se déclara quelque six mois plus tard, il adopta sans équivoque le parti de la musique italienne, comme ses confrères philosophes et encyclopédistes, en publiant en 1753 le Petit Prophète de Boehmischbroda Cette polémique, dont la violence fit, selon Grimm, passer au second plan les problèmes politiques du moment, opposa à l'Opéra le « coin du Roi » ­ qui rassemblait les défenseurs de la musique française ­ au « coin de la Reine », réunissant les partisans de la musique italienne, et pouvait être mise en relation avec une contestation plus large de l'idéologie professée par l'Ancien Régime. Le Petit Prophète de Boehmischbroda (qui semblait bien être une allusion à Stamitz) se plaçait ainsi parmi les écrits progressistes de cette période et fut, en tout cas, l'un des plus célèbres de ceux que provoqua cette querelle. À partir de ce moment, la défense de la musique française, ou même seulement celle de Rameau, fut dépassée pour Grimm qui adopta définitivement le parti de la musique italienne.

Personnalité prestigieuse, Grimm fut sollicité avec insistance par Leopold Mozart qui lui demanda d'appuyer les débuts parisiens de Wolfgang Amadeus. Il présenta, en effet, celui-ci à la cour de Louis XVI mais, un peu plus tard, il ne fut pas étranger à son départ de Paris en 1778. Anobli par l'empereur Joseph II en 1777, il quitta Paris en 1793 et se retira à Gotha où il finit ses jours.