Berthold Goldschmidt

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Compositeur allemand naturalisé anglais (Hambourg 1903 – Londres 1996).

En 1922, il étudie la composition avec Franz Schreker. Dès 1925, il reçoit le Prix Mendelssohn avec son Orchester-Passacaglia op. 4 créée par Erich Kleiber, dont il est l'assistant pour la première de Wozzeck. Il tient le célesta à la Philharmonie de Berlin, et Schönberg le recommande aux éditions Universal après l'audition de son premier quatuor. Son Ouverture pour la Comédie des erreurs remporte un vif succès, et en 1930, à la suite d'un chagrin d'amour, il écrit sa tragi-comédie musicale Der gewaltige Hahnrei (le Cocu magnifique), d'après Crommelynck. L'œuvre est créée en 1932 à Mannheim, mais sa reprise au Städtliche Oper de Berlin est interdite par les nazis. Réduit à donner des concerts privés dans les milieux juifs de Berlin, il émigre à Londres en 1935, laissant derrière lui plusieurs manuscrits et les promesses d'une brillante carrière. En 1936, il compose un deuxième quatuor puis Ciaccona sinfonica, et collabore en 1938 avec le Ballet Kurt Jooss, composé d'artistes émigrés. Mais les occasions de travailler sont rares. De 1944 à 1947, il est au Service allemand de la BBC, et Carl Ebert l'invite à diriger Macbeth de Verdi au premier Festival d'Édimbourg. Il remporte en 1951 un concours de l'Arts Council avec son opéra Beatrice Cenci, d'après Shelley. Pourtant, en 1958, après avoir achevé ses Mediterranean Songs, il décide d'arrêter de composer, déclarant que ce n'est pas l'exil qui le réduit au silence, mais le règne sans partage de la musique atonale : jamais joué, torturé par l'idée que son univers musical n'intéresse plus personne mais refusant de prendre une voie qu'il ne ressent pas, il se tait jusqu'en 1983. Il aide cependant Deryck Cooke à reconstituer la Dixième Symphonie de Mahler, dont il dirige la première audition « complète » en 1964. À partir de 1983 et du quatuor avec clarinette qu'il écrit pour l'Amadeus Quartet s'opère une volte-face complète du destin : en 1987, à la faveur des Berliner Festwochen consacrées aux musiques interdites sous le régime nazi, on redécouvre toute son œuvre : reprises de Beatrice Censi en 1988, du Cocu magnifique en 1992, Festival Goldsmith à Berlin en 1994. Naissent un trio avec piano (1985), deux quatuors (nos 3 et 4, 1989-1992), le chœur Belsatzar (1985). Son œuvre de jeunesse se situe au confluent des avant-gardes berlinoises : vivacité rythmique extrême allant jusqu'au sarcasme, échos du music-hall, mais aussi orchestration raffinée et formes savantes. Il déclare avoir trouvé l'inspiration dans ses rapports humains, surtout avec des femmes : « Mes œuvres ont toujours vu le jour dans l'échange avec l'élément féminin, dans toutes ses facettes. C'est l'aura dans laquelle je vis et compose. »