Giovanni Gabrieli

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Compositeur italien (Venise v. 1553 – id. 1612).

Neveu d'Andrea Gabrieli, il fut son élève avant de faire, de 1575 à 1579, un voyage à Munich où il rencontra Roland de Lassus. Il revint à Venise en 1580 et y resta jusqu'à sa mort. En 1585, il partagea avec son oncle la charge de premier organiste à San Marco et, depuis cette date jusqu'en 1607, il eut également des fonctions à la Scuola San Rocco. Ses œuvres à double chœur sont un reflet de l'architecture de San Marco. Parmi ses nombreux élèves célèbres, il faut citer surtout Heinrich Schütz qui séjourna à Venise de 1609 à 1613.Giovanni Gabrieli avait une immense admiration pour son oncle. Il en fut toute sa vie le défenseur et fit habituellement publier les œuvres de ce dernier avant les siennes. À de nombreux titres, on peut considérer Giovanni comme un précurseur. En ce qui concerne les formes musicales, son architecture est particulièrement solide, et contraste avec le goût italien de l'époque pour les musiques très ornées. Sur le plan de l'écriture, il a introduit à travers un contrepoint savant et rigoureux un style parfois concertant où les timbres prennent toute leur valeur. Les parties qu'il a écrites, pour les cornets à bouquin ou pour les violons (dont le répertoire était encore à ses débuts), sont des exemples remarquables de son talent dans ce domaine, ainsi qu'une indication de l'excellence des instrumentistes vénitiens dont il disposait. On doit le considérer à juste titre comme l'un des précurseurs de l'orchestration, cela bien qu'il ait laissé le choix des instruments aux interprètes en indiquant généralement con ogni sorte di stromenti sur la page de titre de ses publications. En adoptant souvent le genre de la canzone alla francese, ces compositions restent d'abord assez proches du modèle, avec leur rythme dactylique initial (longue-brève-brève), mais peu à peu s'en écartent pour devenir de plus en plus concertantes. Le titre n'est plus qu'un point de départ et cette évolution est nette dans les Canzoni e Sonate de 1615 par rapport aux Sacrae symphoniae de 1597. Dans le domaine de la musique vocale religieuse, Gabrieli a laissé des motets (faisant souvent appel à un nombre considérable de voix), des magnificat, des litanies, des mouvements de messe. Pour orgue, il a composé des Intonationi publiés avec ceux de son oncle en 1593.