Johann Nikolaus Forkel

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Historien et théoricien allemand de la musique (Meeder, Saxe-Cobourg, 1749 – Göttingen 1818).

Il entreprit ses études musicales avec le cantor de Meeder, J. H. Schultesius, puis au Johanneum de Lüneburg. Préfet du chœur de la cathédrale de Schwerin en 1767, il s'inscrivit en 1769 à l'université de Göttingen ; organiste titulaire à l'église de cette université en 1770, il y donna aussi des cours sur la musique à partir de 1772 et en devint le directeur musical en 1779. Jusqu'en 1815, il y dirigea les concerts hebdomadaires. N'ayant pas obtenu la succession de C.P.E. Bach à Hambourg, il resta à Göttingen jusqu'à sa mort. Forkel a laissé quelques œuvres instrumentales, des cantates et un oratorio, mais il a été essentiellement historien et musicologue. Ses écrits sont marqués par l'historicisme et l'universalisme caractéristiques de l'esprit de l'université de Göttingen et plus généralement du siècle des Lumières. Jugeant la musique de son temps décadente, il a tenté d'expliquer l'évolution de cet art et de définir les lois générales qui lui sont spécifiques tout en considérant que la musique participe à l'idée de progrès universel, lequel est associé à l'existence de la raison. Vérifiant méthodiquement les sources qu'il devait utiliser, Forkel a entrepris une étude systématique de la musique et affirme que son histoire n'est autre que celle de son progrès immanent. Il a été l'un des premiers à lier à cette discipline l'esthétique et la philosophie et il fut aussi l'auteur, grâce notamment à des renseignements fournis par Wilhelm Friedemann et surtout Carl Philip Emanuel, de la première monographie sur J.-S. Bach : Über J. S. Bachs Leben, Kunst und Kunstwerk (Leipzig, 1802 ; nombreuses rééd., trad. française, Paris, 1876 et 1981). S'il n'est plus reconnu aujourd'hui comme le fondateur du la musicologie moderne, on accorde cependant à Forkel un rôle éminent dans l'histoire de celle-ci en raison du caractère scientifique de sa démarche et parce que son travail bibliographique reste fondamental. Incontestablement, il influença ses élèves de Göttingen (Humboldt, Tieck, Schlegel, Wackenroder), tandis qu'il montra une incompréhension presque totale de ses contemporains (Goethe, Schiller, Kant, Hegel).