Dussek ou Dusik

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Famille de musiciens tchèques.

Jan Josef, organiste et compositeur (Mlazovice 1738 – Caslav 1818). Professeur de musique à Chlumencz, puis cantor de la ville de Caslav, il écrivit surtout pour l'orgue et l'église.

Jan Ladislav, pianiste et compositeur (Caslav 1760 – Saint-Germain-en-Laye 1812). Fils du précédent, il fit ses études aux collèges de Jihlava et de Kutna Hora, et obtint un diplôme de l'université Charles-IV de Prague. Il séjourna à Malines en 1779, y fut organiste ainsi qu'à Berg-op-Zoom, et, vers 1782, entreprit une tournée à travers l'Europe, travaillant à Hambourg avec Carl Philipp Emanuel Bach, passant deux ans chez le prince Radziwill en Lituanie. Remarqué par Marie-Antoinette en 1786, il s'établit à Paris après un voyage en Italie pour voir son frère. En 1790, fuyant la Révolution, il s'installa à Londres, où il participa comme pianiste aux mêmes concerts que Haydn et où, en 1792, il épousa la chanteuse Sophia Corri (1775-1847). Il entra dans la maison d'édition de son beau-père Domenico Corri (1746-1825), mais celle-ci ayant fait faillite, Dussek dut quitter précipitamment l'Angleterre en 1800 pour échapper à la prison pour dettes, laissant derrière lui sa femme et sa fille. Il se rendit à Hambourg, fut ensuite le maître de chapelle et l'ami du prince Louis Ferdinand de Prusse (1803-1806), et termina sa vie au service de Talleyrand.

Virtuose incomparable qui arrachait des cris d'admiration à ses auditeurs, célèbre aussi par le moelleux de son toucher, il a laissé plus d'une centaine de compositions (sonates, variations, pièces d'occasion, musique de chambre, concertos) pour son instrument, ainsi que des ouvrages divers dont six sonatines pour harpe. Ses œuvres les plus connues ­ la Consolation, sonatines op. 20 (à l'origine avec flûte) ­ ne sont pas nécessairement les plus significatives. Mais de grandes sonates comme l'opus 35 no 3 (C. 151) en ut mineur (1797), l'Adieu op. 44 (C. 178) en mi bémol (1800), l'Élégie harmonique sur la mort de Louis Ferdinand de Prusse op. 61 (C. 211) en fa dièse mineur (1807), le Retour à Paris ou Plus ultra op. 70 (C. 221) en la bémol (1807) ou l'Invocation op. 77 (C. 259) en fa mineur (1812), comptent tant musicalement que par leur écriture pianistique parmi les plus intéressantes de l'époque, et certaines ne furent pas sans influencer Beethoven. Ces pages ouvrent en même temps la voie au romantisme d'un Chopin ou d'un Schumann. Un catalogue thématique de l'œuvre de Jan Ladislav Dussek a été dressé par Howard Allen Craw.

František Josef Benedikt, organiste, chef d'orchestre et compositeur (Caslav 1766 – Zaticina v. 1817). Frère du précédent, il fut chef d'orchestre à Venise (1782), à Milan (1786), à Laibach (1790), puis de nouveau à Venise (1806).