Henry de Thier, dit Du Mont

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Organiste et compositeur wallon (Villers-l'Évêque, près de Liège, 1610 – Paris 1684).

Il se fixe très tôt avec sa famille à Maestricht, où il est chantre, puis organiste (1630) de la collégiale Notre-Dame. Il perfectionne vraisemblablement sa formation au cours de séjours à Liège, où il travaille sans doute avec Léonard de Hodemont. Vers 1635, il adopte le nom de Du Mont ­ traduction française de De Thier ­, et arrive à Paris en 1638. Il devient organiste de Saint-Paul en 1640 (il conserve ce poste toute sa vie) et, peu avant 1653, claveciniste et organiste du duc d'Anjou. Il abandonne cette position en 1660 pour celle de claveciniste de la reine et, à la suite d'un concours organisé pour la succession de Jean Veillot en 1663, est nommé, avec Pierre Robert, maître de la chapelle royale (qui compte quatre musiciens). En 1672, Du Mont obtient avec Robert la charge de compositeur de la chapelle du roi, libre depuis la mort de Thomas Gobert, et, en 1673, est nommé maître de la musique de la reine. Il laisse cette position en 1681 et se retire de la cour en 1683.

À part quelques pièces de clavecin parues dans des anthologies de l'époque et de menues chansons, il a composé uniquement, mais en très grande quantité, de la musique sacrée. Il a fait paraître un recueil de Cantica sacra suivi de Litanies, puis un livre de Meslanges (à II, III, IV et V parties), contenant des chansons, motets, magnificat, préludes et allemandes pour orgue et pour violes et des Litanies à la Vierge, auquel il ajoute un recueil de Préludes. Il est enfin l'auteur d'un recueil d'Airs à 4 parties sur la paraphrase des psaumes d'Antoine Godeau, de plusieurs livres de motets, de Cinq Messes en plain-chant et d'un oratorio, Dialogus de anima. Les cinq messes, ou Messes royales, sont demeurées célèbres, car elles ont été chantées (surtout celle du premier ton) dans les églises françaises jusqu'au xixe siècle. On les appelle « royales » à tort, car elles ont été composées à l'usage des couvents et paroisses et n'ont jamais été exécutées à la cour.

Les compositions les plus intéressantes de Du Mont sont ses motets : des petits motets à 1, 2 ou 3 voix accompagnées de la basse continue et parfois de quelques instruments, et des Motets à deux chœurs. Les premiers étaient chantés à la cour après l'élévation, aux vêpres et au salut du saint sacrement. Les Motets à deux chœurs sont écrits non pas pour deux chœurs égaux mais pour un petit chœur de cinq solistes et un grand chœur composé du reste des chanteurs, accompagnés d'un orchestre complet, qui devient de plus en plus indépendant des voix. On exécutait ces motets avant l'élévation et à la fin de la messe (Domine salvam fac regem) et lors des offices solennels.

Le rôle de Du Mont est considérable dans l'histoire de la musique sacrée en France. Il a tout d'abord importé certains traits stylistiques de la musique italienne, avec laquelle il s'était familiarisé à Liège. Sans avoir été le premier compositeur à avoir publié en France des pièces avec basse continue, il en a systématisé l'usage. Il a introduit de même le genre du petit motet à 1, 2 ou 3 voix, qui devait devenir si populaire. Mais surtout, il a, sur la base des essais de ses prédécesseurs, Nicolas Formé et Jean Veillot, édifié le grand motet français et ouvert la voie à M. A. Charpentier et Michel-Richard Delalande.