Serge de Diaghilev

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Fondateur des Ballets russes (Nijni Novgorod 1872 – Venise 1929).

Homme du monde et dilettante, qui n'était ni musicien, ni peintre, ni danseur, mais qui possédait au plus haut point le goût et l'intelligence de tous les arts, il se fit connaître en 1899 en publiant la revue Mir Iskoutsva (« le Monde de l'art »). Presque aussitôt, il organisa la première exposition en Russie de peintres impressionnistes français, puis des concerts de musique contemporaine. En 1905, il présenta à Saint-Pétersbourg une exposition consacrée à Deux Siècles de peinture et de sculpture russes, qu'il transporta à Paris l'année suivante. Le succès de cette première manifestation parisienne l'encouragea à persévérer. Il revint en 1907 avec une série de cinq concerts, en 1908 avec Fedor Chaliapine dans Boris Godounov, en 1909 avec les Ballets russes qu'il venait de créer, et dont la saison inaugurale au théâtre du Châtelet connut un triomphe retentissant. La compagnie, recrutée à Saint-Pétersbourg, réunissait quelques étoiles promises à une célébrité mondiale (Nijinski, Fokine, Pavlova, Karsavina, Ida Rubinstein) et bénéficiait du concours de deux peintres russes qui devaient faire école : Léon Bakst et Alexandre Benois. Diaghilev en fit l'instrument de sa conception du ballet, spectacle total où la musique et la décoration sont aussi importantes que la danse. Jusqu'à sa mort, qui entraîna celle des Ballets russes mais non leur esprit, il resta fidèle à cette formule. Il avait également pour principe de ne jamais se répéter, au risque de déconcerter et même de choquer. Aussi favorisa-t-il des chorégraphies révolutionnaires (à commencer par celles de Nijinski) et fit-il appel à des musiciens contemporains (Stravinski, Debussy, Ravel, Prokofiev, Erik Satie, le groupe des Six), ainsi qu'à des peintres d'avant-garde (Picasso, Derain, Rouault, Matisse, Braque, Gontcharova, Larionov), sans parler de l'apport littéraire d'un Jean Cocteau. Vingt années durant, les Ballets russes (devenus de moins en moins russes) furent un extraordinaire foyer de création dans tous les domaines, y compris celui de la mode. Plus qu'un impresario ordinaire, Diaghilev était un mécène particulièrement doué, mais un mécène sans fortune qui s'entendait admirablement à mobiliser celle de ses brillantes relations.