Edison Vassilievitch Denisov

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Compositeur soviétique (Tomsk, Sibérie, 1929 - Paris 1996).

À l'instigation de son père, ingénieur, il fait des études scientifiques supérieures à l'université de Tomsk (1946-1951). Il vient à Moscou suivre les cours de composition de V. Chebaline et N. Peiko (1951-1956). Il est actuellement chargé de cours au conservatoire de Moscou.

Grand admirateur de Chostakovitch, Denisov semble avoir détruit ses premiers essais. Son opus no 1 est une Musique pour 11 instruments à vent et timbales (1961) qui fait se rejoindre la grammaire schönberguienne du Quintette op. 26 et un hommage à Bartók. L'opus no 2, des Variations pour piano, montre dès lors l'influence de Boulez, de Stockhausen et de Nono. Denisov se fait admettre dans le domaine réservé des grands créateurs postweberniens lors de la première de sa cantate, le Soleil des Incas, pour soprano, 10 instruments, 3 voix d'hommes sur des poèmes chiliens de Gabriela Mistral. Tout en jouant d'un pointillisme instrumental emprunté au Marteau sans maître de Boulez, il reste dans la tradition russe pour ce qui est du traitement de la voix. Pendant dix ans (1964-1974), il a poursuivi ses recherches sonores sur diverses formations instrumentales : Crescendo-diminuendo pour clavier et 12 cordes (1965), Ode pour clarinette, piano, percussions (1968), Musique romantique pour hautbois, harpe et trio à cordes (1968), Silhouettes pour flûte, 2 pianos et percussions (1969), 3 Pièces pour violoncelle (1970), Trio avec piano (1971), Sonate pour violoncelle, Sonate pour saxophone (1971), enfin ses Signes en blanche pour piano seul (1974).

Tout comme Prigojine, Denisov revient aux intonations archaïsantes pour la conduite de la voix humaine : Pleurs pour soprano, piano et percussions sur des textes populaires (1966), Automne pour chœur à 13 voix solistes a cappella sur des paroles de V. Khlebnikov (1968), Chant d'automne pour soprano et grand orchestre (1971). Depuis 1970, il s'adonne également au style concertant, du fait de fréquentes commandes de solistes occidentaux. À retenir le Concerto pour violoncelle (1972), pour piano (1974), pour flûte (1975), pour percussions (1978). Peinture pour grand orchestre (1970) est son œuvre symphonique la plus réussie qui soit parvenue en Occident. L'importance des œuvres de Denisov est encore difficile à apprécier, la vie musicale soviétique les laissant à l'écart. On a pu entendre ses ouvrages à Royan, au Domaine musical, à l'Automne de Varsovie, au concert de clôture de l'exposition Paris-Moscou en 1979, mais il est évident que l'œuvre n'a pas l'audience qu'il mérite. En 1986 a été créé à Paris l'opéra l'Écume des jours, d'après Boris Vian, et, en 1988, une Symphonie. Il a « terminé » l'opéra inachevé de Debussy Rodrigue et Chimène (Lyon, 1993).