Fritz T. A., dit Frederick Delius

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Compositeur allemand naturalisé britannique (Bradford 1862 – Grez-sur-Loing, Seine-et-Marne, 1934).

En partie d'origine allemande, il se révéla bon violoniste dès son enfance, mais ses parents cherchèrent à le détourner de la musique. À l'âge de vingt ans, il s'installa en Floride comme planteur d'oranges, et consacra son temps libre à la musique, étudiant tout d'abord seul, à l'aide d'ouvrages théoriques. De retour en Europe, il fut, au conservatoire de Leipzig, l'élève de Reinecke. S'il ne tira pas grand profit de cet enseignement, il reçut en revanche l'influence déterminante de Grieg, alors à Leipzig. Cette influence est évidente dans Sleigh Ride (1888). À partir de 1890, il vécut surtout en France, d'abord à Paris, puis à Grez-sur-Loing, où il devait finir ses jours. En 1890, il avait épousé le peintre Jelka Rosen. Les partitions se succédèrent jusqu'en 1924, époque à laquelle une maladie le paralysa et le rendit aveugle. Toutes ses dernières œuvres furent écrites avec la collaboration de Eric Fenby, jeune musicien du Yorkshire, qui, plus tard, devait enregistrer ses trois sonates pour violon et piano et écrire un livre à sa mémoire (Delius as I knew him, 1936). Delius vécut plus de quarante ans en France, mais sa musique y demeure pratiquement inconnue. Elle est en revanche très appréciée en Angleterre, grâce aux initiatives de sir Thomas Beecham, défenseur infatigable du compositeur. En 1929, Delius fut décoré par le roi George V à l'occasion d'un festival de ses œuvres organisé par Beecham au Queen's Hall de Londres. Ce fut son dernier voyage en Angleterre.

On peut remarquer chez Delius des parentés avec Debussy dans la couleur orchestrale, mais son plus grand modèle resta Grieg. Il excelle dans les évocations de nature, soit avec le grand orchestre (Brigg Fair, 1907), soit avec des moyens plus réduits, comme dans les deux chefs-d'œuvre que sont Summernight on the River (1911) et On hearing the first Cuckoo in Spring (1912) : la première de ces miniatures recrée l'atmosphère d'une nuit d'été sur le Loing aux alentours de Grez. Sa mélodie, envoûtante et souvent confiée aux instruments à vent, repose sur des harmonies richement chromatiques. Sa musique est inimitable ; elle suit son propre chemin, qu'il s'agisse pour elle d'évoquer son pays natal (Over the Hills and Far Away, 1895) ou la capitale française (Paris, the Song of a Great City, 1899), ou de jeter un regard en arrière sur toute une vie créatrice (A Song of Summer, 1930). Pour chœurs et orchestre, il a composé notamment Appalachia (1902), Sea Drift d'après W. Whitman (1903), A Mass of Life d'après Nietzsche (1904-05), Songs of Sunset (1906-07), A Song of the High Hills (1911-12, avec chœurs sans paroles), Requiem (1914-1916), Eventyr (1917, avec seulement quelques interjections vocales). On lui doit également des mélodies, de la musique de chambre, dont le quatuor à cordes de 1916-17, des concertos, ainsi que six opéras : A Village Romeo and Juliet d'après G. Keller (1900-1901, créé en 1907), le plus célèbre et le plus réussi ; Irmelin (1890-1892, créé par Beecham en 1953), The Magic Fountain (1893), Koanga (1895-1897, créé en 1904), Margot-la-Rouge (1902) et Fennimore and Gerda (1909-10, créé en 1919). À signaler aussi la musique de scène pour Hassan or the Golden Journey to Samarkand de J. E. Flecker (1920).