Francesca Cuzzoni

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Cantatrice italienne (Parme 1700-Bologne 1770).

Elle débuta à Venise, puis obtint un grand succès à Londres où elle parut en 1723, créant Teofane dans Ottone de Haendel auprès de partenaires prestigieux (la Durastanti, Il Senesimo et la basse Boschi), auxquels elle fut désormais associée lors des principales reprises et créations des opéras de Haendel (Jules César, Tamerlano, Rodelinda, etc.). Une rivalité l'opposa à Faustina Bordoni, rivalité parodiée dans The Beggar's Opera, et les compositeurs Buononcini et Haendel les réunirent dans leurs distributions, le premier dans Astianatte (1727), le second dès Alessandro (1726). En 1728, la cantatrice quitta l'Angleterre et parut à Venise et à Vienne, puis revint à Londres en 1734 où elle se heurta à l'idolâtrie exclusive que le public portait désormais aux castrats Farinelli et Carestini. Elle retourna en Allemagne, chanta à la cour de Würtemberg, tenta un malheureux concert à Londres en 1750, parut en Hollande et finit misérablement. Elle avait épousé le musicien Sandoni auquel son nom est parfois associé. Bien que mauvaise actrice, plutôt laide, la Cuzzoni, grâce à la beauté de sa voix, fut la première cantatrice capable de ravir aux castrats leur célébrité sans partage : son soprano d'une pureté exceptionnelle s'élevait jusqu'au do5 (le « contre-ut »), alors inusité. Elle semble être à l'origine d'un chant dont la flexibilité n'excluait pas le pathétisme, excellant en outre dans le trille expressif, qualités qu'atteste l'écriture spécifique que lui réserva Haendel dans des pages demeurées célèbres tels les airs Piangero et V'adoro, pupille, du rôle de Cléopâtre, ou Ombre, piante, dans Rodelinda.