Collegium musicum
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».
Libre association d'amateurs et éventuellement de professionnels pratiquant la musique.
L'héritage des Kantorei, des groupements de maîtres chanteurs et autres confréries fut repris, du xvie au xviiie siècle, en Allemagne et dans les régions soumises à l'influence allemande (Suisse, Suède, Bohême), par des cercles d'amateurs, d'abord inorganisés, puis structurés, ayant pour objet l'exécution en commun de musique, vocale à l'origine, et par la suite instrumentale. Ces cercles se donnèrent des noms en langue commune, par exemple, en Allemagne, das Musikkränzlein (« le petit cercle musical »). Mais, avec la participation croissante d'étudiants à ces activités, l'appellation latine de collegium musicum, qui apparaît pour la première fois à Prague en 1616, vint à être la plus largement répandue. Les réunions étaient en général hebdomadaires ; la plus pure tradition de cette pratique excluait la présence de tout auditeur ; en tout cas, les séances n'étaient pas largement ouvertes au public.
Le développement de ces cercles entraîna l'enrôlement de professionnels. Les collegia musica atteignirent un haut niveau de qualité et connurent un grand rayonnement, en particulier à Hambourg, Francfort et Leipzig. J. Kuhnau, Telemann, J. F. Fasch et J.-S. Bach comptent au nombre des musiciens qui dirigèrent les activités du collegium musicum de Leipzig. Dans cette ville, Bach s'assura le concours des étudiants pour l'exécution de ses Passions.
Au fur et à mesure que les collegia musica rendaient leurs activités publiques, la notion de concert au sens moderne s'imposait. Ainsi les collegia sont-ils à l'origine de nombreuses institutions de concert, et, en particulier, à Leipzig, du Gewandhaus.
Au xixe siècle, les collegia musica furent presque oubliés. C'est le nouvel essor des mouvements de jeunesse qui provoqua leur renaissance. À la fin du xixe et au début du xxe siècle, sous l'impulsion de Hugo Riemann, puis de Willibald Gurlitt, presque chaque université allemande mit un point d'honneur à constituer ou reconstituer un collegium musicum actif. Pour répondre aux besoins de cette pratique musicale, Riemann, qui créa à Leipzig le premier collegium moderne, exhuma de nombreuses partitions anciennes, qu'il publia d'ailleurs dans un vaste recueil portant le titre de Collegium musicum (Leipzig, sans date). Dans les années qui suivirent la Grande Guerre, les collegia musica furent des foyers où l'on redonna vie à la musique baroque en cherchant à en respecter le style exact. Les collegia musica ont aussi été, très tôt, à la pointe du combat pour le retour à la pratique des instruments anciens.