Charles Marie Widor

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Organiste et compositeur français (Lyon 1845 – Paris 1937).

Son père, d'ascendance hongroise, était organiste à Lyon, et fut son premier professeur. Entré au conservatoire de Bruxelles, il y fut l'élève de Lemmens (orgue) et de Fétis (composition). À l'âge de vingt ans, il commença à effectuer des tournées d'organiste ; en 1869 il devint organiste de l'église Saint-Sulpice à Paris, poste qu'il devait conserver soixante-cinq ans, jusqu'en 1934. Entre 1876 et 1900, il écrivit ses dix symphonies pour orgue, qui rénovent totalement la technique et l'esthétique de l'orgue français. Bien plus qu'un instrument liturgique, l'orgue devient pour lui un instrument de concert, dont il utilisa avec habileté tous les contrastes.

En dehors de l'orgue, son œuvre instrumental comprend des sonates et des pièces diverses pour piano, des concertos (piano, violoncelle), de la musique de chambre (notamment deux quintettes) et quatre symphonies. Il a également écrit pour le théâtre les ballets la Korrigane (1880), et Jeanne d'Arc (1890) et trois opéras dont le plus marquant est les Pêcheurs de la Saint-Jean (1905). Mais c'est surtout à l'orgue que son nom est resté lié.

En 1890, Widor succéda à Franck à la classe d'orgue du Conservatoire de Paris, puis à Théodore Dubois à la classe de composition. Il devint membre de l'Académie des beaux-arts en 1910 et son secrétaire perpétuel en 1914. Il collabora avec Albert Schweitzer pour l'édition des grandes œuvres d'orgue de Bach. De 1920 à 1934, il dirigea le Conservatoire américain de Fontainebleau. Enfin, il créa à Madrid la villa Velázquez, qui exista jusqu'en 1936 et fit pendant à la villa Médicis.

Héritier des principes de Franck, qu'il développa, Widor précéda dans le monde de l'orgue les grands artistes qui devaient s'y révéler et dont beaucoup furent ses élèves : Tournemire, Vierne, Dupré. Ce dernier fut son successeur en 1934 à la tribune de Saint-Sulpice.