Cambodge

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Les systèmes musicaux ont peu varié au Cambodge depuis le xiie siècle, et les chants khmers demeurent semblables à ceux qu'une lointaine tradition chargeait de séduire les puissances invisibles. Malgré l'influence chinoise, on rencontre au Cambodge des gammes, des instruments, des formes musicales appartenant à la grande tradition classique indienne, mais qui n'existent plus en Inde même.

L'orchestre mohori, jadis attaché aux cours princières, et toujours lié aux cérémonies officielles, comprend des xylophones, des instruments à cordes (notamment le chapeï, sorte de luth à caisse plate et long manche courbe, mais aussi des vièles, des violons et des guitares), des flûtes, des hautbois et des percussions (tambourins, cymbales, carillons, gongs) ; il peut être utilisé pour l'accompagnement du théâtre et des danses. Plus traditionnel encore est l'orchestre pi phat, qui n'admet pas les instruments à cordes ; son répertoire est composé de musiques de cour, majestueuses et sereines, et exclut toute musique de divertissement. En revanche, l'orchestre à cordes, plus populaire, composé essentiellement de chapeï et d'instruments à archet, accompagne le chant des cérémonies nuptiales ou magiques. L'orchestre de percussions (tambours, cymbales, carillons de gongs, xylophones, etc.) garde un caractère rituel.

La musique cambodgienne use de phrases courtes, fondées (surtout pour les chants religieux) sur de petits intervalles et sur la gamme pentatonique, témoignant de l'influence chinoise, bien que demeurent des traces, d'origine plus ancienne, d'une division de l'octave en sept intervalles tendant à être égaux. Les ornements sont plus complexes que les rythmes, et une large place est réservée à l'improvisation pour traduire les impressions fugitives de l'existence. Dans le chant, poème et musique s'interprètent au point que la couleur du mot a souvent plus d'importance que son sens. L'impassibilité rêveuse des chants khmers rattachés à la tradition se nuance fréquemment d'une certaine tristesse.