María Kalogheropoúlos, dite la Callas

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Soprano grecque (New York 1923 – Paris 1977).

Elle fit ses premières études musicales aux États-Unis et les poursuivit en Grèce où elle s'installa en 1937. Elle débuta en 1939 à Athènes dans Santuzza de Cavalleria Rusticana de Mascagni et devint l'élève d'Elvira de Hidalgo au conservatoire d'Athènes. Entrée à l'opéra de cette ville en 1941, elle y interpréta une grande variété de rôles. Après avoir sans succès tenté sa chance aux États-Unis, elle se fit remarquer en 1947 aux Arènes de Vérone dans La Gioconda de Ponchielli. Elle chanta alors en Italie des rôles de grande soprano dramatique : Turandot dans l'opéra de Puccini, et des héroïnes de Wagner (Isolde dans Tristan et Isolde, Kundry dans Parsifal, Brünhilde dans la Walkyrie). Mais, appelée en 1949 à Venise pour remplacer au pied levé Margherita Carosio dans les Puritains de Bellini, elle découvrit son véritable univers, celui du bel canto romantique italien, où elle devait s'affirmer de façon incomparable, ressuscitant un type de voix dramatique, mais capable de souplesse et de virtuosité, qui avait disparu.

À la Scala de Milan, où elle débuta en 1950, Maria Callas inaugura une ère nouvelle, une grande partie du répertoire de ce théâtre étant choisie en fonction de sa présence. Elle y chanta des partitions auxquelles son nom est resté attaché, soit chefs-d'œuvre célèbres dont elle proposait une vision nouvelle, soit œuvres partiellement ou totalement oubliées, de la résurrection desquelles elle est à l'origine : Norma, la Somnambule et le Pirate de Bellini, la Vestale de Spontini, Médée de Cherubini, Alceste et Iphigénie en Tauride de Gluck, Anna Bolena, Poliuto et Lucie de Lammermoor de Donizetti, Macbeth, les Vêpres siciliennes et La Traviata de Verdi, sans oublier, dans le registre bouffe, le Turc en Italie de Rossini. Dans le même temps, Maria Callas chantait dans le monde entier, célébrée comme aucune autre cantatrice du xxe siècle ne l'avait été. En 1962, alors que ses moyens vocaux déclinaient, elle s'installa à Paris. En 1963 et 1965, elle donna quelques représentations de La Tosca et Norma à l'Opéra de Paris et au Covent Garden de Londres, et, quoiqu'elle eût été par la suite fréquemment annoncée et même affichée, elle ne parut plus au théâtre, se produisant seulement occasionnellement en concert.

Possédant à l'origine une étendue vocale de près de trois octaves, avec une technique très remarquable, notamment dans le domaine de la vocalise, Maria Callas était une actrice admirable autant qu'une musicienne inspirée. La voir en scène était une expérience inoubliable. Son art a profondément marqué l'évolution du théâtre lyrique, tant dans le style d'interprétation que dans l'orientation du répertoire. Le don total de sa personne à des rôles très divers était incompatible avec toute prudence dans la manière de conduire la voix, ce qui explique la brièveté de sa carrière.