vie musicale en Australie

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Dès 1834, la Société philharmonique de Sydney donnait son premier concert, et le premier opéra (Clari de Henry Bishop) y était représenté. Débarquant de Londres, des pédagogues, des instrumentistes et le compositeur Issac Nathan furent à l'origine de la constitution de chorales et du développement de l'enseignement des instruments. De très bonne heure, l'Australie compta d'excellents organistes. À Melbourne, les premiers opéras (le Barbier de Séville et la Somnambule) furent représentés en 1843 et une société philharmonique se constitua dix ans plus tard. Adélaïde, qui possédait un théâtre depuis 1838, fut la première ville à avoir un collège de musique (1883) et une chaire de musique à l'université (1898). Professeurs britanniques et troupes d'opéra italien visitant Sydney, Melbourne, Adélaïde, parfois Brisbane ou Canberra, assurèrent pendant longtemps la totalité de l'activité musicale. En 1888, un orchestre réunit pour la première fois des musiciens professionnels formés pour la plupart en Allemagne ou en Angleterre, tout comme les chanteurs dont l'Australie pouvait déjà s'enorgueillir ; c'est à Paris, toutefois, que la célèbre Nellie Melba (1861-1931) fit l'essentiel de ses études vocales.

Au xxe siècle, l'Australie rattrapa le retard auquel l'avait condamnée son isolement. Des écoles et conservatoires furent créés dans toutes les grandes villes, et le premier orchestre d'État constitué sur des bases permanentes naquit en 1919. La fondation de l'Australian Performing Rights Association, qui commissionne musiciens et compositeurs (1925), d'un Conseil national d'association musicale (1932), de la Guilde des compositeurs (1935) atteste ces progrès, favorisés par le développement de la radio. Des compositeurs s'efforcèrent de créer une école australienne en exploitant l'héritage venu d'Angleterre : Raymond Hanson, John Antill (le seul à utiliser les sources aborigènes) et surtout Margaret Sutherland (Percy Grainger, né à Melbourne, étant depuis 1914 naturalisé américain).

Une nouvelle période d'expansion débute en 1955. Elle est marquée par la création de nouveaux conservatoires (Canberra, Newcastle, Brisbane, Hobart), de chaires de musique dans les universités (Queensland, Western Australia, Tasmanie, Monash), de sections australiennes de la Société internationale de musique contemporaine, d'un conseil d'encouragement (Commonwealth Assistance to Australian Composers), par l'essor de nouveaux ensembles (Melbourne New Music Ensemble, Musica Nova à Adélaïde, Leonine Consort, etc.) et des festivals (Biennale des arts à Adélaïde, festivals de musique de chambre à Mittagong et à Canberra). Aussi l'école australienne est-elle en plein essor, avec des compositeurs éclectiques, tels Don Banks ou Peter Sculthorpe, néo-impressionnistes comme Richard Meale, post-schönbergiens comme Felix Werder, ou folklorisants comme Georg Dreyfus. Malcolm Williamson ayant été naturalisé anglais, le grand espoir de la musique australienne reste Barry Conyngham, élève de Takemitsu.

Quoique, ayant vu naître, depuis Melba, plusieurs autres chanteurs d'opéra de grande renommée, notamment John Brownlee et Joan Sutherland, l'Australie a longtemps souffert de l'absence de compagnies théâtrales permanentes dans le pays (la première, celle de Perth, date de 1965 seulement) et de scènes d'opéra. Elle a rattrapé son retard dans ce domaine aussi, et le symbole de la vie musicale dans ce pays est devenu la silhouette futuriste du nouvel Opéra de Sydney, en forme de coquille.