Esprit Auber

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Compositeur français (Caen 1782 – Paris 1871).

Son père recevait chez lui musiciens et artistes ; cette atmosphère eut une influence sur l'enfant. Celui-ci composa très tôt des romances qui enchantèrent les salons du Directoire. Envoyé en Angleterre pour s'initier au négoce, il revint en France en 1804 sans avoir oublié sa vocation musicale. Un concerto pour violon et un ouvrage lyrique, l'Erreur d'un moment, furent joués en 1806. Sous la férule de Cherubini, qui s'intéressait à lui, il écrivit des œuvres religieuses et un opéra-comique, Jean de Couvin (1812). Mais ses premiers succès à Paris ne vinrent qu'avec la Bergère châtelaine (1820) et Emma (1821), joués à l'Opéra-Comique.

Avec Leicester (1823) commença la collaboration d'Auber avec Scribe. Tous deux devinrent les meilleurs fournisseurs de l'Opéra et de l'Opéra-Comique. Près de cinquante partitions lyriques d'Auber y furent créées. Le compositeur toucha à tous les sujets, tous les genres, mais non à tous les styles de musique. La Neige (1823) reste une exception dans son œuvre par son caractère rossinien et ses abondantes vocalises. Le compositeur demeura dans l'ensemble fermé aux influences italienne et allemande. Le Maçon (1825) illustre parfaitement son inspiration dans le domaine de l'opéra-comique, élégante, pétulante, nuancée, recourant à des thèmes très caractéristiques, qui se gravent dans la mémoire, et à une écriture extrêmement sûre. Avec la Muette de Portici (1828), qui précède d'un an Guillaume Tell de Rossini et de trois ans Robert le Diable de Meyerbeer, il ouvrit l'ère du grand opéra historique, à mise en scène spectaculaire. Cette œuvre est d'une puissance et d'une passion surprenantes et convaincantes : lors de son exécution à Bruxelles en 1830, le duo « Amour sacré de la patrie » donna le signal des troubles révolutionnaires qui entraînèrent la séparation de la Belgique et de la Hollande. La Fiancée (1829), le Philtre (1831), le Cheval de bronze (1835), le Domino noir (1837), les Diamants de la Couronne (1841) connurent une faveur durable. Quant au succès de Fra Diavolo (1830), il s'est prolongé jusqu'à nos jours. Ajoutons qu'Auber écrivit une Manon Lescaut (1856) et un Gustave III (1833), dont le sujet est le même que celui d'Un bal masqué de Verdi.

Auber entra à l'Institut en 1829, fut nommé l'année suivante directeur des concerts de la Cour, succéda à Cherubini comme directeur du Conservatoire en 1842 et fut maître de Chapelle de la Cour impériale à partir de 1857.