Amsterdam

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Dès le xve siècle, l'activité musicale d'Amsterdam fut florissante, et les facteurs d'instruments ­ clavicordes, clavecins, luths, harpes et orgues ­ y étaient déjà réputés. Il fallut cependant attendre Sweelinck et sa nomination à l'orgue de la Oude Kerk vers 1577, pour qu'une personnalité de premier plan marquât les annales de la ville. Sweelinck attira des élèves de toute l'Europe, et spécialement d'Allemagne. C'est par la publication de ses Psaumes de David (1613-14) que l'édition musicale, qui devait prendre à Amsterdam une si grande importance au xviiie siècle, commença sa carrière. La fondation de la maison Étienne Roger en 1690 apporta une concurrence sérieuse aux éditeurs de Venise, Bologne, Nuremberg et Leipzig. En 1722, Le Cène reprit la maison Roger, qui avait notamment publié l'opus 6 de Corelli et La Stravaganza de Vivaldi, et contribua à faire d'Amsterdam le principal centre de l'édition musicale en Europe.

Au xviie siècle, la vie musicale avait été loin de suivre la brillante impulsion donnée par Sweelinck et ses amis britanniques réfugiés aux Pays-Bas, Peter Philips et John Bull. N'abritant pas de résidence princière comme les grandes villes d'Allemagne, de France ou d'Italie, à la même époque, Amsterdam offrait aux virtuoses un champ d'action restreint. La même carence se remarque dans le domaine lyrique, malgré la présence d'Henrik Anders au poste de directeur musical du théâtre municipal.

Au xviiie siècle, un prestigieux animateur, lui-même compositeur, Michael Heynsius (v. 1710 - v. 1755), constitua un orchestre destiné à donner des auditions régulières et payantes, avec la participation de solistes réputés. Sur ce modèle, G. Reder organisa, de 1760 à 1810, des concerts sur abonnement, mais leur intérêt inégal provoqua le déclin de la vie musicale qu'on observe pendant la première moitié du xixe siècle. La fondation de la Société pour l'avancement de la musique (1829) fut alors un stimulant pour les compositeurs, surtout ceux qui cultivaient la musique chorale.

Johann Van Bree, à la tête de la société Felix Meritis, et Anton Berlijn, au pupitre de l'orchestre du théâtre, donnèrent enfin à la vie musicale d'Amsterdam un essor définitif, couronné par la création du conservatoire en 1862, de la Société Wagner en 1884, et, surtout, par la présence, dans la nouvelle salle de concerts (Concertgebouw) construite par Dolft Van Gendt, d'un orchestre de 120 musiciens, spécialement attaché à cette salle (orchestre du Concertgebouw, 1888). Succédant à Willem Kes, Willem Mengelberg fit rapidement de cette formation, qu'il dirigea de 1895 à 1945, un orchestre de renom international. À partir de 1905, l'orchestre du Concertgebouw assura un cycle de concerts populaires et fut un des premiers à faire des enregistrements, des émissions de radio, des films. Dirigé après 1945 par E. Van Beinum, à partir de 1959 par Bernard Haitink et depuis 1988 par Riccardo Chailly, il demeure l'un des plus remarquables orchestres du monde.

Aujourd'hui, Amsterdam demeure la capitale musicale des Pays-Bas et l'un des pôles d'attraction de l'Europe. Parmi les 1 800 sociétés chorales qui existent dans le pays, plus d'une centaine se trouve à Amsterdam, en particulier le Nederlands Kammerchor, fondé en 1937 par Sem Dresden et longtemps dirigé par Félix de Nobel.

Depuis 1926, l'Association pour l'éducation musicale des enfants s'est révélée très efficace et a été à l'origine du mouvement Jeunesse et musique (1948), dont les manifestations se diffusent à travers des sections locales, et de la Fondation des concerts scolaires (1954).

Une troupe régulière d'opéra (Nederlandse Opera) siège à Amsterdam depuis 1946. Elle se déplace et se produit sur les scènes des principales villes du pays (La Haye, Rotterdam, Utrecht, etc.).

L'Institut de musicologie, lié à l'université, a son action complétée par l'Institut de musicologie médiévale et par les Archives folkloriques néerlandaises, dont le siège est également à Amsterdam.

Après la Société des compositeurs néerlandais, fondée à Amsterdam en 1911 par Guillaume Landré, la Fondation Donemus s'est donné pour mission, depuis 1947, de faire connaître la musique hollandaise, spécialement la musique contemporaine. Concerts, émissions radiophoniques, biographies, analyses, guides, disques (elle édite elle-même une série intitulée Composers' Voice) sont ses instruments de propagande ; aucune école musicale au monde, peut-être, ne bénéficie de moyens de diffusion aussi importants.

L'influence de la radio, celle de la maison Philips ­ l'un des principaux éditeurs de disques du monde, dont le siège est à Amsterdam ­ contribuent aussi à la diffusion de la culture musicale.

Enfin le festival de Hollande, créé en 1947 et dont Amsterdam est le centre, ne cesse d'apporter l'exemple d'une action efficace. De l'opéra collectif Reconstruction (1969) au Circusopera Houdini de P. Schat (1977), produit d'un travail également collectif de musiciens, de chanteurs et de danseurs, l'expérience s'y révèle toujours audacieuse et significative.