mont Everest
Point culminant du monde, dans l'Himalaya, à la frontière du Népal et de la Chine (Tibet) ; 8 848 m (altitude traditionnellement admise ; d'autres mesures ont été effectuées : 8 846 m en 1993, 8 850 m en 1999).
La montagne fut découverte en 1852 et reçut le nom de Peak XV. Son nom définitif lui fut donné en 1865 en l'honneur de sir George Everest. Son nom tibétain est Chomo Lungma (« Déesse mère du Monde »).
L'Everest est semblable à une immense pyramide à trois faces et trois arêtes, taillée dans des schistes cristallins et des calcaires primaires déversés vers le sud. En territoire tibétain, l'arête nord-est sépare les faces nord et est, où prennent naissance les glaciers de Rongbuk et de Kangchung. Sur le versant népalais, au sud des arêtes frontières sud-est et ouest, la langue glaciaire du Khumbu s'écoule et se casse en séracs au pied de l'impressionnante face sud-ouest.
Dès le début du xxe s., les Européens furent attirés par le mont Everest : des géographes, des naturalistes et des médecins participèrent aux expéditions organisées par les alpinistes qui tentèrent l'ascension. Dans la seconde moitié du xxe s., toutes les cimes des Alpes avaient été gravies, et la conquête du plus haut sommet de la Terre ne pouvait que séduire les sportifs.
Les premières reconnaissances et tentatives d'ascension sont faites par les Britanniques sur le versant tibétain. Une longue préparation était nécessaire : pour traverser l'Himalaya ou parcourir le plateau tibétain, il fallait obtenir un laissez-passer du dalaï-lama ou des autorités népalaises ; pour acheminer le matériel ou les vivres, il fallait se procurer des yacks, bêtes de somme particulièrement bien adaptées au froid et à l'altitude, et il fallait en outre engager des porteurs, que l'on recrute depuis toujours dans le peuple des Sherpas, excellents montagnards, capables de porter 40 kg de charge à haute altitude. Les premières expéditions partaient de Darjeeling et traversaient l'Himalaya pour gagner le plateau tibétain, qu'elles longeaient vers l'ouest jusqu'à proximité de l'Everest.
1. Première tentative d'ascension : 1921
La première exploration, en 1921, dirigée par le colonel C. K. Howard Bury, est surtout une expédition de reconnaissance. Elle remonte le glacier de Rongbuk et atteint le col nord (Chang La, 6 990 m), d'où l'on envisage un itinéraire possible vers le sommet. Elle découvre que le sommet de l'Everest a une forme pyramidale. Celui-ci est souvent orné d'un panache nuageux fait de neige et de glace arrachées par le vent. Des glaciers, coupés de séracs et de crevasses, hérissés de pénitents de neige, descendent des flancs de la montagne. Au nord, une arête coupée d'un col se détache de la cime pour rejoindre un pic moins élevé. C'est par là que les premières expéditions tentèrent d'atteindre le sommet. À l'ouest, une combe, d'où sort un glacier, se creuse au pied de la montagne : c'est ce chemin qui devait mener à la victoire.
À la suite de cette première expédition, le matériel est amélioré. Ainsi, l'oxygène se raréfiant à partir d'une certaine hauteur, les alpinistes ont été munis, dès 1922, de masques à oxygène qui atténuèrent leur essoufflement. Le premier assaut est tenté en 1922, sous la direction de C. G. Bruce ; l'oxygène est utilisé pour la première fois ; G. I. Finch et C. G. Bruce atteignent l'altitude de 8 300 m, altitude jamais atteinte jusque-là, mais cette expédition se termine tragiquement par la mort de 7 porteurs ensevelis sous une avalanche.
L'expédition de 1924, commandée par C. G. Bruce puis par E. F. Norton, permet à ce dernier d'atteindre l'altitude de 8 560 m sans oxygène. Quelques jours plus tard, G. H. L. Mallory et A. Irvine disparaissent mystérieusement sur l'arête nord-est.
Les expéditions suivantes : 1933 (précédée de reconnaissances aériennes qui constituaient un exploit pour l'époque et dirigée par H. Ruttledge), 1935 (E. Shipton), 1936 (H. Ruttledge), 1938 (H. W. Tilman), ne parviennent pas à dépasser le point extrême atteint par Norton en 1924. La difficulté et la longueur de l'itinéraire choisi, l'épuisement rapide des hommes à haute altitude, le vent et le froid furent responsables de ces échecs.
2. L'expédition victorieuse de 1953
Les expéditions, interrompues par la Seconde Guerre mondiale, reprirent en 1951, mais à partir de Katmandou, au Népal, car, entre-temps, le Tibet était passé sous la domination chinoise ; en outre, les alpinistes décidèrent de tenter l'ascension par la face ouest. On entreprend alors l'exploration du versant sud : Tilman d'abord (1950) parcoure le glacier de Khumbu. L'expédition anglaise de Shipton, en 1951, à laquelle participe le Néo-Zélandais Edmund Hillary, reconnaît l'itinéraire, et est arrêtée par une chute de séracs, puis par une énorme crevasse de 30 à 100 m de large. Au printemps de 1952, une forte expédition suisse, dirigée par le Dr Wyss Dunant, tente l'aventure ; parmi elle se trouvent Lambert et le chef des sherpas, le Népalais Tenzing Norgay. Ayant franchi la crevasse grâce à un pont de cordes, ils voient que la combe est fermée par une pente aboutissant à un col. De ce col sud (7 986 m), ils aperçoivent, derrière le sommet sud, haut de 8 754 m, le plus haut sommet : 8 848 m. Mais l'assaut tenté par Lambert et Tenzing Norgay échoue à l'altitude de 8 600 m, sur l'arête sud-est ; la route est ouverte. L'expédition d'automne, la première lancée en cette saison, est contrariée par un froid de − 40 °C.
En 1953, au contraire, l'expédition anglaise est servie par la chance. Dirigée par le colonel John Hunt (1910-1998), elle compte le Néo-Zélandais Edmund Hillary et le Népalais Tenzing Norgay parmi ses membres. Un matériel perfectionné a été préalablement essayé en Suisse, et les alpinistes ont soigneusement étudié leur itinéraire ; enfin, ils ont accompli un stage d'adaptation de trois semaines à 6 000 m d'altitude.
Un passage est tracé dans la combe, la pente est gravie, et un camp est installé au col sud. Le colonel Hunt forme deux équipes d'assaut, épaulées par des équipes de soutien qui les accompagne jusqu'au dernier camp. La première équipe d'assaut échoue, le 26 mai, à 8 754 m ; mais, le 29 mai, Hillary et Tenzing Norgay, après une nuit à 8 590 m, atteignent le sommet à 11 h 30, triomphant ainsi, les premiers, du plus haut sommet du monde.
3. Les différentes premières
Mais l'épopée de l'Everest ne s'arrête pas là ; de nombreuses premières sont encore à accomplir. Une équipe chinoise aurait fait la première ascension du sommet par l'arête nord-est en 1960 ; quoi qu'il en soit, la réussite chinoise (9 alpinistes au sommet) sur cette même arête en 1975 est indiscutable. La première traversée (montée par l'arête ouest et descente par l'arête sud-est) est accomplie par les Américains W. F. Unsoeld et T. F. Hornbein en 1963. En 1975, l'expédition britannique de C. Bonington accomplit le plus grand exploit de l'après-guerre dans l'Himalaya, sur l'imposante face sud-ouest : le sommet est atteint par D. Haston, D. Scott, P. Boardman et le Sherpa Pertemba. En 1978, P. Habeler et Reinhold Messner gravissent l'Everest sans oxygène. La première ascension hivernale est accomplie par les Polonais L. Clichy et K. Wielicki (février 1980). La première ascension française a été le fait de P. Mazeaud, J. Afanassieff, N. Jaeger avec K. Diemberger (1978).
Avec l'ouverture, en 1979, des frontières chinoises aux expéditions étrangères, de nouvelles perspectives s'offrent aux alpinistes : dès le mois de mai 1980, les Japonais Takashi et Tsunko gravissent la dangereuse face nord-ouest.
Les femmes aussi se sont illustrées sur le « toit du monde » : après la Japonaise Junko Tabei, en 1975, la Française Christine Janin y est arrivée en 1990.
4. L'Everest, une ascension dangereuse
Tous les ans, de nombreuses expéditions de tous pays essayent de conquérir de nouveau le toit du monde et l’Everest est gravi par plusieurs centaines de personnes, voire plus d'une centaine par jour. Arrivés à pied d'œuvre, les membres d'une expédition installent un camp de base, et déterminent leur itinéraire à partir du sommet, qu'ils observent à la jumelle. Ils commencent ensuite l'ascension, installant des camps qui serviront de base à une nouvelle progression, de lieu de repos et de dépôt de ravitaillement. Les camps les plus élevés sont les plus pénibles à installer, car le parcours est hérissé de difficultés, accrues par le froid et le vent. Mais surtout, à très haute altitude, les hommes perdent une grande partie de leur énergie, et un obstacle dont ils se joueraient à 1 000 m devient insurmontable à 8 000 m. Les moyens (échelles métalliques qui enjambent les crevasses, cordes fixes) rendent l’ascension plus aisée, ce qui banalise l’exploit et permet une course aux records, mais le milieu reste fondamentalement hostile à l’homme. Ainsi, depuis la première ascension, de nombreux alpinistes ont trouvé la mort à l'assaut de l'Everest. En 2014, une avalanche, la plus meurtrière de l'histoire de l'Everest, emporte seize guides népalais.