mont Emei
Montagne de la Chine (Sichuan).
Le mont Emei, situé à 140 km au sud-ouest de Chengdu, est l'une des montagnes sacrées de la Chine ancienne et l'un des sites les plus visités du pays. Outre ses beautés naturelles, « la grande diversité de sa flore, depuis les zones végétales subtropicales jusqu'aux forêts de conifères subalpines », cette montagne est un haut lieu du bouddhisme, marqué notamment par le Grand Bouddha de Leshan érigé au viiie s. L'Unesco, en 1996, a inscrit les paysages du mont Emei sur sa Liste du patrimoine mondial (site mixte, à la fois culturel et naturel).
Histoire du site
Le mont Emei est habité depuis environ dix mille ans. Il fut d'abord un foyer religieux taoïste à l'époque des Han de l'Est (25-220), et c'est sur ses pentes que fut édifié, au ier s., le premier temple bouddhiste de Chine. Sous les Song et les Tang, il devint un important lieu de pèlerinage pour les bouddhistes, qui le considèrent comme l'une de leurs montagnes sacrées. Le site est protégé depuis le xe s., époque à laquelle un organisme du temple Baishui fut chargé d'entretenir et de protéger son caractère sacré.
De nos jours, environ deux mille personnes, dont une part importante de moines et de nonnes bouddhistes, habitent dans la réserve. Le mont Emei accueille quelque 300 000 touristes par an ; de nombreux chercheurs viennent également y travailler, dans les domaines de la forêt, des graines, de l'étude des biotopes, de la géologie et de la géomorphologie.
Le site
Le mont Emei domine de quelque 2 600 m la plaine de Chengdu, à l'ouest de laquelle il est situé. Il est couronné par trois sommets parallèles et distincts, le Jin ding (« sommet d'Or », 3 077 m), le Qianfo ding (« sommet des Mille Bouddhas »), et le Wanfo ding (« sommet des Dix Mille Bouddhas »), point culminant avec 3 099 m. De nombreuses et profondes gorges entaillent le relief, de nature karstique. La température moyenne annuelle varie entre 17,2 °C dans la zone subtropicale (500 m d'altitude) et 3 °C (zone alpine froide) en altitude. Le site est très nuageux, l'humidité atteint 85 %, les précipitations y sont importantes (1 992 mm par an) et la montagne est souvent noyée dans la brume ; mais, si les conditions météorologiques empêchent de profiter des points de vue spectaculaires, elles donnent cependant au paysage tout son sens spirituel.
Le site classé par l'Unesco occupe une superficie de 15 400 ha, et comprend cinq réserves naturelles. Quatre zones, représentant au total quelque 500 ha, sont destinées à la protection de plantes rares, parmi lesquelles figure le rhododendron. Une cinquième zone, de 85 ha, permet de protéger des paysages pittoresques.
La végétation couvre 87 % de la zone classée. Elle s'étage en cinq ceintures végétales : forêt d'arbres à feuilles persistantes subtropicale en dessous de 1 500 m ; forêt mixte d'arbres à feuilles persistantes et caduques ; forêt mixte de conifères et feuillus ; forêt subalpine de conifères ; enfin, arbustes subalpins au-dessus de 2 800 m. Quelque 3 200 espèces de plantes, dont 31 sont protégées, appartenant à 242 familles, ont été répertoriées dans la zone classée. Quelque 2 300 espèces animales ont été répertoriées, dont 29 sont protégées.
Un circuit de 110 km parcourt le site du mont Emei, en permettant de découvrir les principales curiosités, depuis le Baugou si (« temple de la Proclamation du royaume ») au tout début du parcours, jusqu'aux temples des sommets, en passant par divers palais (des Sept Bouddhas, de Puxian, un parèdre de Çakyamuni très populaire en Chine…), temples (comme celui du « Tigre couché »), grottes et monuments, comme le « bain de l'Éléphant », bassin dans lequel Puxian, qui chevauche un éléphant blanc, se serait lavé.
Le Grand Bouddha de Leshan
Le Grand Bouddha de Leshan (ville autrefois appelée Jiading ou Jiazhou) fut élevé en 713 par un moine bouddhiste. À cet endroit se rencontrent trois rivières, ce qui, lors des périodes de crue, rendait la navigation particulièrement périlleuse. C'est afin de conjurer ce péril que fut élevée, face au point de confluence des rivières, cette statue aux dimensions spectaculaires : 71 m de haut, 28 m de large. La tête mesure près de 15 m, les oreilles 7 m, le nez 5,60 m. Il s'agit de la plus haute statue de Bouddha au monde ; le grand bouddha de Bamiyan, détruit par le gouvernement des taliban en Afghanistan en mars 2001, mesurait 55 m de haut.
Un système de drainage interne évite l'humidification et le pourrissement et a permis une bonne conservation de la statue. Le site classé occupe une superficie de 2 500 ha.