sommeil

Sommeil
Sommeil

Cet article est extrait de l'ouvrage « Larousse Médical ».

État physiologique temporaire, immédiatement réversible, reconnaissable par la suppression de la vigilance et le ralentissement du métabolisme.

On distingue depuis les années 1960 deux types de sommeil, le sommeil à ondes lentes (ou sommeil lent), ainsi appelé car l'électroencéphalogramme y montre une prédominance des ondes cérébrales lentes, et le sommeil paradoxal, ainsi appelé car l'électroencéphalogramme y montre une intense activité cérébrale (ondes rapides, comme dans l'état de veille). Ces deux types de sommeil se succèdent environ 5 à 8 fois par nuit. On pense que la plupart des rêves ont lieu pendant le sommeil paradoxal.

Le besoin de sommeil survient tous les jours (rythme circadien) à peu près à la même heure, sous l'effet de mécanismes internes et d'influences externes très complexes. La fonction du sommeil n'est pas établie avec certitude. Il ne permet pas seulement de se remettre de la fatigue physique et nerveuse de la journée. Il a peut-être aussi pour fonction, entre autres, de permettre d'assouvir le besoin de rêve.

Des besoins de sommeil différents. Il existe une influence génétique sur la durée nécessaire de sommeil, très variable d'un individu à l'autre. Si, en moyenne, le besoin en sommeil des adultes est d'environ 7 heures et demie, rares sont les personnes qui n'ont besoin que de 3 heures par nuit - réparties en 90 minutes de sommeil lent profond et 90 minutes de sommeil paradoxal. En revanche, il faut à certains entre 12 et 14 heures de sommeil par nuit pour être en forme pendant toute la journée, sans somnolence ni besoin de sommeil intempestif. Le besoin de sommeil est plus important chez l'enfant et l'adolescent que chez l'adulte. Chez la personne âgée, le sommeil tend à se morceler ; des périodes de sommeil diurne apparaissent souvent à cet âge de la vie, avant ou après le déjeuner et vers 16 h.

Mieux dormir. Premier pas vers un sommeil réparateur, une hygiène de vie saine : il est préférable, pour bien dormir, de se lever et de se coucher à heures fixes, et de se lever tôt. Café, thé et tabac doivent être proscrits le soir. Il est conseillé d'avoir des activités physiques dans la journée et, autant que possible, de se promener avant de se coucher en respirant profondément. La température idéale d'une chambre à coucher est de 18 °C. Enfin, boire une infusion calmante (tilleul, valériane) peut exercer un effet bénéfique sur la qualité du sommeil.

Les mécanismes du sommeil

Le sommeil humain est le résultat d'une très longue évolution, au terme de laquelle l'organisme a intégré trois mécanismes fondamentaux. Le premier est une « horloge interne », dite circadienne (c'est-à-dire d'environ 24 heures), responsable de l'apparition régulière du sommeil. Cette horloge est localisée dans la région centrale du cerveau (plus précisément dans les noyaux suprachiasmatiques qui se trouvent dans l'hypothalamus). Le deuxième mécanisme est celui de l'économie d'énergie : plus la veille est longue, plus le sommeil qui suit est long et profond ; il existe donc une adaptation du sommeil - pendant lequel les dépenses énergétiques sont moindres - à la durée et à l'intensité de la veille.

Un mécanisme « oscillateur ». Le troisième mécanisme est responsable, d'où son nom, d'une interruption périodique du sommeil toutes les 90 minutes, alors remplacé par un état appelé sommeil paradoxal. Ce mécanisme - qui n'existe pas chez les animaux à sang froid, apparaît avec les oiseaux et se retrouve chez tous les mammifères - dépend de cellules nerveuses situées dans le tronc cérébral, mais dont le fonctionnement intime demeure mystérieux.

Une nuit de sommeil

Le sommeil comprend deux phases (sommeil lent et sommeil paradoxal), d'une durée globale d'environ 110 minutes, qui se répètent en général 5 à 8 fois au cours de la nuit. Chaque cycle de sommeil s'accompagne de la libération de différentes hormones dans le sang : l'hormone de croissance est surtout libérée pendant le sommeil lent profond des premiers cycles ; la sécrétion de rénine augmente pendant le sommeil lent et diminue pendant le sommeil paradoxal. Pour enregistrer les activités des cellules nerveuses et des muscles du dormeur, obtenir leurs tracés (électroencéphalogramme et électromyogramme) et déterminer ainsi les phases de son sommeil, on utilise un appareil muni d'un amplificateur, appelé polygraphe, et des électrodes fixées sur le cuir chevelu, le pourtour des globes oculaires et les muscles du menton.

Le sommeil lent. Il est divisé en quatre stades de profondeur croissante et d'une durée totale d'environ 90 minutes. L'endormissement (stade 1) correspond à une période très courte, au cours de laquelle peuvent se produire des hallucinations. Il est suivi du stade 2, puis des stades 3 et 4, qui constituent le « sommeil lent profond » et se traduisent à l'électroencéphalogramme par des ondes lentes, de grande amplitude, appelées ondes delta. Le sommeil lent est une période de faible activité mentale, de ralentissement de la fréquence cardiaque et de diminution de la tension artérielle.

Le sommeil paradoxal. À chaque période de sommeil lent succède un épisode d'environ 20 minutes, appelé sommeil paradoxal car il allie une activité cérébrale proche de celle de la veille à une abolition du tonus musculaire. Pendant cette phase, des mouvements oculaires rapides, horizontaux ou verticaux, se manifestent, de même que, parfois, de très discrets mouvements des doigts et des petits muscles de la face. La respiration est irrégulière et s'interrompt souvent avant de s'accélérer.

Problèmes de sommeil

Sommeil peu réparateur, insuffisant, entrecoupé de réveils, éveils précoces, l'insomnie est multiple et constitue le plus fréquent des troubles du sommeil. Cependant, il en existe bien d'autres, en particulier ceux qui sont liés à des problèmes respiratoires ou qui surviennent pendant la journée (somnolence).

Les insomnies. L'insomnie d'endormissement, la plus fréquente – une personne qui se couche vers 23 h, par exemple, ne trouvera le sommeil que vers 1 h ou 2 h du matin, – est souvent la conséquence d'un état anxieux ou d'une mauvaise hygiène de vie (consommation de tabac, d'alcool). En revanche, une insomnie survenant dans la seconde partie de la nuit – le sujet se réveille, souvent après un rêve, vers 3 h du matin, rumine des pensées obsédantes et retrouve un sommeil peu réparateur en fin de nuit – constitue parfois le premier signe d'un état dépressif. L'insomnie se traduit pendant la journée par des maux de tête, une irritabilité, une diminution de la vigilance ou des performances ainsi que par une somnolence. On évalue sa gravité en fonction de son retentissement sur la qualité de vie pendant la journée : une insomnie qui n'entraîne pas de troubles de la veille doit être considérée comme bénigne ; il est inutile de la traiter par des médicaments hypnotiques.

Somnolences diurnes et narcolepsie. Somnoler pendant la journée peut être la conséquence d'un sommeil trop court, d'une grave insomnie, d'horaires de sommeil irréguliers ou de la prise de médicaments hypnotiques. Dans certains cas, la somnolence découle d'arrêts respiratoires (apnées) survenant pendant le sommeil. Beaucoup plus rarement, certaines personnes qui pensent souffrir de somnolence sont, en fait, atteintes d'une maladie appelée narcolepsie, ou syndrome de Gélineau. Cette affection, qui se soigne aujourd'hui très bien, se caractérise par l'association de deux signes majeurs : des accès de « sommeil invincible » et une cataplexie – sous l'influence d'une émotion, le patient perd le contrôle de son tonus musculaire, sent ses jambes devenir molles et peut s'effondrer.

Les troubles respiratoires. Certaines personnes, plus souvent lorsqu'elles sont obèses et ronflent, se plaignent d'un mauvais sommeil entrecoupé de réveils fréquents, de maux de tête en fin de nuit, parfois d'une importante transpiration nocturne. Elles souffrent en fait d'un syndrome d'apnée du sommeil, ou S.A.S., qui consiste en arrêts respiratoires à répétition de 20 à 30 secondes survenant au cours du sommeil paradoxal ou du stade 2 du sommeil lent ; ce syndrome entraîne une diminution, parfois très importante, de la quantité d'oxygène dans le sang. Un traitement est alors nécessaire et consiste dans certains cas en une ablation chirurgicale de la partie basse du palais et de la luette, ou uvulo-palato-pharyngoplastie. Parfois, il est indiqué de faire respirer au patient de l'air par pression positive à travers un masque pendant le sommeil.

Le ronflement. 80 % des hommes et 60 % des femmes ronflent. Le ronflement, ou roncopathie, est dû à la vibration du voile du palais. Dormir couché sur le dos entraîne un relâchement musculaire : l'air se fraye alors un passage en provoquant un tremblement sonore du voile. Le ronflement peut être responsable d'un syndrome d'apnée du sommeil et entraîner des troubles de l'oxygénation ; il doit alors être traité, chirurgicalement ou par inspiration d'air sous pression pendant la nuit. Lorsque le ronflement est bénin, il suffit parfois, pour l'éviter, d'empêcher le ronfleur de dormir sur le dos - par exemple en cousant un tissu du type Velcro à l'intérieur du dos de son pyjama.

Le somnanbulisme. Déambulation nocturne, inconsciente et ne laissant aucun souvenir, le somnambulisme ne doit pas être considéré comme une maladie. Si certains adultes sont somnambules, ce trouble atteint le plus souvent les enfants (6 % d'entre eux avant l'âge de 15 ans) pour disparaître à l'adolescence. Le somnambulisme, qui survient au cours du sommeil à ondes lentes (stades 3 ou 4), est actuellement interprété comme étant un « éveil incomplet » du cerveau, avec blocage des mécanismes de mémorisation, laquelle s'effectue normalement en parallèle lorsque nous sommes réveillés.

Voir : syndrome de Gélineau, hypnothique, rêve, ronflement, troubles du sommeil, hypnose, rêve, somnolence.

Les rêves

Les rêves



Tout le monde rêve – même si aucun souvenir n'en subsiste –, presque toujours au cours du sommeil paradoxal, beaucoup plus rarement pendant le sommeil lent. Une période de sommeil paradoxal peut être occupée par un seul rêve mais, le plus souvent, elle comporte des rêves nombreux, dont il n'est pas possible de se rappeler le début et la fin. Un sujet réveillé au milieu d'un rêve se rappelle habituellement les événements de ce songe avec une grande précision et en couleurs. Les personnes aveugles de naissance n'ont, bien sûr, pas de rêves visuels, mais seulement des rêves auditifs, olfactifs ou sensitifs. En revanche, un sujet devenu aveugle après l'âge de sept ans peut continuer à rêver avec des images pendant 10 à 20 ans. Certaines personnes sont, occasionnellement ou habituellement, conscientes de rêver, comme si elles assistaient à un « film » : c'est ce qu'on appelle le rêve lucide. Certains rêveurs lucides parviennent même – mais plus rarement – à contrôler les images de leur rêve.

Pourquoi rêve-t-on ? En 1900, Sigmund Freud révolutionnait l'approche du rêve en publiant l'Interprétation des rêves. Selon Freud, le rêve révèle à travers son contenu manifeste un contenu latent, expression de la réalisation de désirs refoulés. Mais sa théorie est loin d'expliquer la fonction biologique du rêve : pourquoi rêve-t-on ? et pourquoi le sommeil paradoxal est-il proportionnellement plus important chez le nourrisson ? Selon Freud le rêve permettrait de stabiliser la mémoire à long terme, de revivre ou d'oublier des moments de la journée écoulée ou encore de reprogrammer génétiquement le cerveau et de retrouver la part innée de sa personnalité.